Cette Feria de Aste Nagusia/Semana Grande 2023, raccourcie d’une journée, était agrémentée d’une novillada en ce premier jour de toreo à pied.
Les novillos de José Cruz bien présentés, furent tous, sauf le second, faibles à divers degrés ce qui explique que deux aient été remplacés. Tous arboraient des bolitas impropres en ces lieux. Lalo de María a plu à base d’un toreo moderne, défensif et lié. Mario Navas a, quant à lui, marqué les esprits en une série gauchère et une attitude valeureuse incontestable à son second.
Le premier novillo est combattu par Carlos Domínguez. Il saute pattes en avant dans la cape et trébuche à plusieurs reprises sans jamais réellement s’employer. Le José Cruz donne des coups de tête contre le peto. Il permet un quite par chicuelinas à Domínguez dans lesquelles la charge semble se centrer. Lors de la seconde pique, le novillo est fixe sous la vara. Alors que le bicho se fait abanto, Dominguez « brinde » au public. Une trinchera, un genou au sol, envoie le novillo en vuelta de campana. Dans les deux séries droitières qui suivent le novillero tient son terrain dans des muletazos faciles. À gauche, les naturelles vont de menos a más. Le novillo est devenu tardo, le torero présentant la muleta sur les deux cornes en laissant un espace entre lui et la toile qui attire l’attention du novillo. La fin de faena est brouillonne jusqu’aux manoletinas finales. Le bicho ne répond pas au cite pour une première épée tronquée. Au second passage, c’est le torero qui s’engage pour une épé entière trasera et tendida.
Le quatrième de José Cruz fait des choses de manso avant que Domínguez ne tente de le lidier à la cape. D’abord distrait, le novillo finit par exhiber des signes de faiblesse. Sous le fer, le bicho donne d’abord des coups de tête avant de flancher lors de la deuxième rencontre. Jesús Díez « Fini » salue au second tiers. Début de faena à genoux aux tercios toreant en redondo avec des effets de tremendismo. Le toro est éteint dès les premiers derechazos, debout. À gauche, la muleta est accrochée par les hachazos du bicho. Le novillero insiste et tire quelques naturelles. Il soutient des demi-charges sans aucune émotion. Quelques bernadinas précèdent un pinchazo et une estocade entière desprendida, atravesada. Avis avant deux descabellos et puntilla. Siffletes au novillo et division lors du salut du novillero.
Lalo de María fait sa présentation à Vista Alegre. Il reçoit son premier novillo par des véroniques templées en cherchant l’oeil contraire avec l’extérieur de la cape. Bon tercio de varas de Tito Sandoval. Le novillo quant à lui y combat sans classe. Quite de De María par tafalleras qui évoluent en cordobinas en fin de série, toujours en accentuant le toque vers l’extérieur. Au second tiers, la lidia de Curro Javier est supérieure et efficace. Après brindis au public, le novillero français débute par ayudados por alto. À droite, il prend confiance dans la seconde série en profitant de l’oeil contraire pour tenir à distance l’embestida. Tout le travail à droite exécuté avec la jambe de sortie en retrait et en cherchant cet oeil contraire fait son effet sur le public. À gauche, les naturelles sont plus ajustées par imposition du novillo qui attaque avec vivacité. La fin de faena est un exercice en redondos dans un sens puis dans l’autre. Le public est séduit. Pinchazo et entière basse. Applaudissements au novillo. Vuelta décidée unilatéralement, avec avis partagés.
Le cinquièmne ne donne pas l’opportunité à Lalo de Maria de toréer à la cape. Le toro est peu piqué sur ordre. Carlos Domínguez, surpris, est volteado par le novillo en tablas avant la première pique. Une vuelta de campana au second tiers n’aide en rien la condition fébrile du novillo. Excellente prestation de Curro Javier aux banderilles qui lui vaut de saluer. La faena démarre par droitières légères, la seconde série gagnant en rythme. Les premières naturelles sont « templées » mais aussi interrompues par un novillo qui a du mal à répondre par le bas. La suite à droite est d’abord accrochée avant que Lalo ne trouve le temple adéquat aux circonstances. Quelques naturelles isolées données en position marginale terminent le trasteo. Bajonazo. Oreille protestée.
Mario Navas reçoit son premier adversaire par véroniques genou en terre puis debout, le tout ajusté face à un novillo montrant déjà des signes de faiblesse et qui termine au sol. Mouchoir vert.
Le sobrero est reçu comme le novillo précédent par véroniques genou en terre, puis par véroniques lentes et engagées. Le novillo accuse l’épreuve de la première pique. La seconde est un simulacre. Brindis au public. Les premiers muletazos droitiers ne font que confirmer les limitations du bicho. La muleta à mi-hauteur incite le novillo à donner des coups de tête plutôt que de charger. Sans options, Navas doit prendre l’épée. Plusieurs pinchazos sont suivis de deux descabellos. Sifflets au novillo et silence.
Le dernier de José Cruz a du mal dès les premiers lances de Navas. Mouchoir vert.
Le sobrero termine le trasteo de cape par vuelta de campana, sans avoir chargé une seule véronique avec classe. Une seconde vuelta de campana intervient entre deux picotazos donnés dans un total désordre. Tanteo par le haut en début de faena. Navas canalise avec assurance des charges désordonnées à droite. La troisième série va a menos. Sur la corne gauche, les toques extérieurs dénaturent l’harmonie de la première série. La suivante est supérieure, profonde et dominatrice. Malgré ce bon passage Navas choisit de revenir à droite où le résultat est médiocre. De retour à gauche le niveau antérieur n’est pas retrouvé. Les doblones de fin de faena sont somptueux et profonds. À la première entrée a matar Navas reste sur le front et est pris violemment. Suit un estoconazo dans la croix. Oreille pour une série gauchère, l’estocade et une attitude de courage.
Peu de public en ce premier jour de Semana Grande. Beau temps.
René Arneodau.