Mont-de-Marsan – 19 juillet 2023 – 1ère de La Madeleine – Au-delà de la médiocrité du lot des toros, un bon 6ème pour assurer le succès de Yon Lamothe.

En effet, la première corrida de la feria à Plumaçon s’étirait au fil des cinq premiers toros des élevages salmantins de Garcigrande (2ème, 3ème, 4ème) et de Domingo Hernández (1er et 5ème)  jusqu’à la sortie de “Faraón”, le 6ème, un toro negro burraco, né en noviembre de 2018, de très moyennes hechuras (*) et dont les premières charges dans la cape de Yon Lamothe laissaient présager des qualités desquelles il ne se départait pas au cours des trois tiers de la lidia. Il offrait le meilleur comportement face au cheval monté par Francisco Ponz “Puchano”, livrait un combat méritoire face à la muleta et mourrait en brave sous l’épée du Montois. Rappelos qu’en ce jour, Yon Lamothe prenait l’aternative des mains d’Andrés Roca Rey en présence du jeune matador tolédan, Tomás Rufo. Le toro de l’alternative avait pour nom “Habichuelo” nº 13, negro chorreado en morcillo, né en abril 2019, donc de Domingo Hernández. Jusque-là les deux autres matadors n’étaient pas parvenu à enthousiasmer vraiment le public silencieux et circonspect devant le peu de jeu prodigué par les garcigrandes, d’aucuns aujourd’hui qualifiés de garcipetits. Sans doute étaient-ils à la mesure des prérogatives du leader actuel qu’est Andrés Roca Rey. (ARR). De tailles et armures réduites, ces toros n’étaient pas dignes de la place de première catégorie que sont les arènes de Mont de Marsan. Malgré tout cela, les communiqués d’agences ne manqueront pas de signaler qu’ARR sorti a hombros (par la “petite” porte ) après avoir coupé une oreille à chacun de ses oppsants.

Yon Lamothe signait une faena estimable au 6ème et profitait des qualités déjà citées de ce toro qui “humiliait” dans ses charges. La vuelta de campana pique dont était victime le bicho au sortir de la deuxième pique, n’avait pas de conséquence négative.  Il continuait à répondre aux cites de la muleta et exhibait une noblesse exigeante, par la vivacité et répétition de ses charges. Cela permettait une faena dans laquelle on notait une bonne série de naturelles et des passes en redondo de la droite. Seulement, le caractère, la race, de ce toro empêchaient les remates, muleta accrochée à certaines passes de poitrine, notamment. Pour terminer, quelques adornos superflus – passes des deux mains sans l’ayuda – avant un pinchazo et une estocade entière desprendida.  L’oreille était largement demandée et justement concédée. Au toro de l’alternative, Yon Lamothe ne pouvait que montrer de bonnes intentions, car l’animal s’éteignait rapidement malgré un châtiment? dérisoire aux piques. Après un bon début de faena, par des passes varièes par le haut, un trincherazo, il devait par la suite tirer ce toro qui avait perdu sa charge et laissé sa bravoure  au campo. Les luquecinas finales n’avaient pas beaucoup de sens, bien qu’elles furent exécutées les pieds rivés au sol, selon les canons de leur  concepteur, Daniel Luque présent dans le callejón. La difficulté à cadrer le toro, un pinchazo et un metisaca ternissaient cette première faena de matador du jeune Montois.

Andrés Roca Rey  pourrait s’étonner de la froideur du public, lui qui habituellent enflamme les tendidos rendus à priori à sa réputation de figura et son style multiforme. Le 2ème, un torito, commode de cornes, allait au pas  à la cape, sans codicia dans des chicuelinas et tafalleras que s’évertuait de dessiner ARR pour animer le spectacle! Il faut dire qu’il ne manque pas de ressources, de technique et répertoire mais son trasteo perdait de valeur face à l’insignifiance du garcigrande. Une estocade poussée et desprendida avec degüello lui valait la première oreille.,, Avec le 4ème, l’as péruvien déployait ses efforts à la cape par des caleserinas et muleta par des séries des deux mains à un toro sans fixité, grattant le sol parfois, dont il fallait varier les distances ou s’acommoder du manque de charge en fin de faena. Ce que fit ARR, avec mando, profitant l’espace d’un instant du fond de ce toro “faisant l’avion” dans une série en redondos. L’arrimón final, des passes circulaires inversées, couronnaient une prestation volontaire sans le brio de son opposant et le silence du public appréciant plutôt l’exécution du pasodoble “Nerva”! Un pinchazo bas, une estocade bien placée en terminaient avec cette prestation nuancée. Un avis et oreille.

Tomás Rufo semblait s’étonner du peu de retentissement de sa faena au 5ème. Malgrés sa volonté, il ne pouvait éliminer le défaut de tête de ce toro qui lançait des hachazos à tout-va, aux banderilles comme à la muleta. La muleta tenue basse corrigeait momentanément ce défaut réveillé par les passes de poitrine conventionnelles mais inapropriées dans ce cas. Le toro se serrait en fins de passes et obligeait le torero à “rompre” Le public se lassait de cette faena irrégulière et, en dernier, l’arrimón n’était plus du goût du public. Le hachazo rendait difficile la mise à mort. Sonnait un avis pour deux pinchazos et un trois-quarts de lame. A son premier, Tomás Rufo n’avait fait guère mieux. Ce matador, espoir de la jeune génération, semble avoir appliqué les mauvaises protiques de ses aînes chevronnés, toréant de profil sans charger la suerte, al hilo,  le bras allongé et présentant le pico pour entamer les passes. Pourtant il torée bien à la cape et possède une bonne technique… mal employée. Sans doute, aujourd’hui, les toros ne l’aidèrent pas mais son toreo ne passait pas la rampe. Un pinchazo et une estocade basse croisée.

Andrés Roca Rey: une oreille aux deux. Tomás Rufo: silence; un avis et silence. Yon Lamothe: silence; un avis et une oreille. Aux banderilles étaient applaudis Antonio Chacón de la cuadrilla d’ARR au 4èmeRafael González et Manolo de los Reyes de la cuadrilla de Yon Lamothe, de même que son picador “Puchano” au 6ème.

Georges Marcillac

(*)  Mont de Marsan est une place de première catégorie. Il est regrettable que ne soient pas affiché les poids des toros qui doivent être supérieurs à 460 kg.

Nota: Pour conforter le sérieux des arènes de Plumaçon, son déroulement et l’information du public, hormis l’affichage éludé du poids des toros comme ci-dessus signalé, le prospectus distribué aux spectateurs avec la composition des cuadrillas devrait être rédigé selon le prénom et patronyme des professionnels – picadors, banderilleros et mozos de espadales apodos correspondants, sans fautes d’orthographe… espagnole.

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