Saragosse – 06 octobre 2018 – Adieux (au revoir…pourquoi pas) en clair-obscur de Juan Bautista. Álvaro Lorenzo deux oreilles.

Le Coso de la Misericordia (arènes de Saragosse) était le cadre d’un évènement taurin entouré de tristesse ou mélancolie car le grand torero français Jean-Baptiste Jalabert «Juan Bautista» faisait son dernier paseillo de la saison et de sa carrière après sa récente décision d’abandonner la profession.. En ce début de la traditionnelle Feria del Pilar, les coquettes arènes (bicentenaires, remodelées en 1916 et maintenant semi-couvertes) enregistraient une entrée assez pauvre et les nombreux aficionados français présents compensaient sans doute la désaffection des locaux. Evidemment ils étaient là pour «Juan Bautista» dont la sortie sous les applaudissements cachait un certain regret de ne pas avoir pu voir – peut-être – une dernière fois l’Arlésien dans la plénitude de son art et torería. «Juan-Bautista» partait presque discrètement, en homme discret qu’il est, sans gestes ostentatoires, d’effusions exagérées et tours de piste forcés. Ses deux toros ne se prêtaient pas non plus à quelque exploit d’anthologie et «Juan Bautista» se cantonnait dans une mesure qui frôlait le désintérêt lorsque, en réalité hormis quelques réactions à la cape, les faenas allaient decrescendo par manque de codicia de son premier et faiblesse de pattes et de race de son second. Après un joli tanteo en entame des faenas, ensuite, le 1er doutait, s’arrêtait même et la connexion toro-torero était inexistante, et le 4ème de charge irrégulière, courte, forcée par les toques et à la voix, ne permettait rien de brillant. Même les estocades – un des atouts de «Juan-Bautista» surtout a recibir – restaient à mi-chemin et les applaudissements de sympathie du public et de la cuadrilla mettaient le point final à la dernière faena en Espagne de Jean.Baptiste. Le dernier brindis était destiné à la cuadrilla (*), apoderado, mozo de espada sans trop de tristesse visible, avec des sourires et abrazos que le public partageait par la pensée.

               

Le cartel était complété par les toros de Montalvo, bien présentés, on devinait un certain débarras de camada car on trouvait des exemplaires de 4, 5 et même 6 ans… De jeux divers, pas les meilleurs pour «Juan Bautista», ils favorisaient mieux les deux autres toreros José Garrido et le jeune Álvaro Lorenzo. D’ailleurs, c’est ce dernier qui touchait le meilleur toro du lot, «Melonero» nº 36 – 577 kg – 11/13 dont la charge longue, «humiliée» et continue permettait au jeune toledan d’exprimer le joli toreo, le temple de sa muleta et le sens de la lidia car il citait de loin «Melonero» pour ensuite l’engager dans des séries des deux mains, meilleures sur la corne droite, en corrigeant sa position lorsqu’il le fallait pour ensuite «tenir» son toro dans la muleta et se libérer par des molinetes et passes de poitrines complètes. Des luquecinas pour finir avant une estocade entière en la yema. Deux oreilles. A son second, qui avait tendance à terminer par des coups de tête par le haut, on ne saura jamais si c’était le découragement du toro obligé à suivre la muleta par le bas ou celui du torero faisant l’effort pour cela, en fin de compte vainement, pour que la faena tournât court. Elle se terminait par… un bajonazo.

                            

José Garrido était, en ce jour, d’esprit batailleur, dans le bon sens du terme, pour livrer bataille à un toro, le second, sobrero d’Adelaida Rodríguez, qui entrait irrégulier – descompuesto – dans la muleta. Malgré un cabeceo constant José Garrido le gardait sous son contrôle, avec mando, pour enfin sortir vainqueur de ce combat, le toro allait vers les barrières toujours vif mais dominé. Au 5ème, il se montrait une fois de plus disposé à se battre avec un toro, rageur, un peu bronco, sans «rompre» dans des séries vibrantes soutenant une charge vive et «humiliée» Des passes circulaires «à l’envers» superflues car le toro avait rendu ses armes. Une oreille était accordée, en récompense pour une faena valeureuse plus que pour un coup d’épée très bas mais de rapide effet.

«Juan Bautista»: silence ; ovation et longs applaudissements à la sortie. José Garrido: un avis et saluts; Álvaro Lorenzo : deux oreilles; un avis et silence.

(*) Composition de la cuadrilla de “Juan Bautista”: Alberto Sandoval et Rencisco Ponz “Puchano” picadors; Rafael González, César Fernández et Ismael González, banderilleros; José de la Iglesia, mozo de espadas; Manuel Martínez Erice, apoderado.

Georges Marcillac

Photos de cultoro.com

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