Valencia – 10 mars 2024 – 2ème de Feria de Fallas – Défi en solitaire accompli de “Román”. Emotions et sortie a hombros.

Après la novillada d’ouverture de la veille, les Fallas de Valence annonçaient un des morceaux choisis de cette feria: “Román” Collado s’”enfermait” (une encerrona) avec six toros de différentes ganaderías pour ses 10 ans d’alternative dans sa ville. Le défi revêtait une importance particulière pour le sympathique torero franco-valencien ainsi que le risque couru dans ce genre d’entreprise. Les toros qui étaient proposés, leurs origines – encaste – ainsi que leurs hechuras étaient le résultat d’une sélection bien méditée: quatre de sang Domecq (1er, 2ème, 5ème et 6ème), un d’encasre Albaserrada (4ème) et le dernier d’origine Aldeanueva (3ème). Ils formaient un lot sérieux et de comportements divers qui allaient mettre à l’épreuve leur matador qui les affrontait avec responsabilité et dignité en cette journée très spéciale pour sa carrière.

Rien n’avait été laissé au hasard, pas même le choix du vestido de torear, bleu ciel et azabache, conçu par Antonio López de la sastrería de toreros Fermín, à partir d’un modèle jadis porté par Manuel Granero, jeune matador de Valence dont on connaît la fin tragique, mortellement blessé à Madrid par le toro Pocapena du Duque de Veragua le 7 mai 1922. Les trois cuadrillas qui accompagnaient “Román” comptaient en leurs rangs des toreros de plata et picadors renommés comme Antonio Chacón, Fernando Sánchez, Ángel Otero, Raúl Martí, Ángel Gómez Escorial, Alberto Sandoval, Antonio Prieto, Julio López, Francisco Ponz “Puchano”, César Fernández, Pablo Simón, Javier Gómez Pascual, etc.

Le toro de Pedraza de Yeltes (3ème), sans se livrer dans la muleta, desparramando la vista, offrait une faena fade et recevait une demi-estocade un peu croisée et quelques descabellos. Celui de Victorino Martín (4ème) bien dans la forme et le style, se révélait intraitable des deux cornes, se retournait vivement, tobillero. Il rendait  imposible la faena.  Deux pinchazos avant un trois-quarts de lame verticale. Le 5ème, un magnifique toro, colorado, enmorillado, de Domingo Hernéndez, reçu a porta gaïola,  montrait des signes de mansedumbre, victime sans doute aussi d’un désordre en piste – échanges de banderilles ratés (“Roman” s’essayait dans un piètre quiebro) et le défaut s’accentuait. La faena devait se dérouler près des barrières dans l’espoir de lier des passes, sans trop de continuité. Survenaient la cogida et une mauvaise chute – manque d’attention et sans doute fatigue – desquelles “Román “ sortait groggy.  Un pinchazo et une estocade suivis d’une nouvelle frayeur car “Román perdait l’équilibre à la suite d’un pinchazo et une estocade …

                      

Le toro de Fuente Ymbro (2ème) fut celui du succès mais surtout de l’exemple même de comment, avec patience, fermeté et valor “Román”, peu à peu, parvenait à réduire les défauts de tête lors des premières series – derrotes en fins de passes – pour terminer par des naturelles et deux séries de derechazos empreints de temple et d’émotion au toro qui, par sa caste et vivacité de charges, demandait à être toréé avant de se soumettre à la muleta du torero de Benimaclet. Des bernadinas risquées, malgré le vent, précédaient un grande estocade. 

                

 

Le premier, de El Parralejo n’était pas un foudre de guerre et avait les forces justes avant de se reprendre aux banderilles.  Le vent levait capes et la muleta. La faena se développait sans trop de vigueur du toro, muleta basse mais sans trasmission des passes. Bonne estocade portée avec decisión.   C’est au dernier, de Luis Algarra, après le dramatisme de la cogida et le doute qui s’installait dans le public en raison des facultés physiques diminuées de “Román” pour continuer la lidia. Il se lançait dans un quite par fregolinas pas très heureux à cause du vent et manque de syncronisation dans le geste de ces passes de cape spectaculaires.  Á la muleta, aux accents de concha flamenca, avec des cites à mi-distance, une bonne série de naturelles, une autre de la droite, meilleure, une dosantina… “Román” effectuait une faena  à un toro, noble, qui  acceptait les dernières passes par le bas, doblones et ayudados du meilleur effet. L’atmosphère était propice à un tel final, torero porté par le public, toro coopératif et l’estocade, un peu tombée, et les deux descabellos en coup de grâce, déclenchaient une pétition d’oreille unánime.

Le bilan final n’était sans doute pas aussi triomphal qu’espéré mais “Roman” et les différentes péripéties vécues durant son actuación sont tout à son honneur. La sortie a hombros, tant convoitée, était la fin heureuse d’une prestation dramatique et émouvante…

“Román” Collado: saluts depuis le callejón; un avis et une oreille, très forte ovation; silence; silence; applaudissements; une oreille. Sortie par la Grande Porte. Saluaient aux banderilles Antonio Chacón et Àngel Otero. Brindis à Vicente Ruiz “El Soro”, trompetiste amateur qui répondait par une diana floreada avant la faena du 4ème.  Vent gênant la première moitié de la corrida. Température printanière après la pluie.

Georges Marcillac

Photos: mundotoro.com

 

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