SÉVILLE 11 avril 2024 – Juan Pedro Domecq: une vision déchue.

Devant une arène remplie jusqu’à la bandera, la vision d’une ganadería révolutionnaire imaginée par la famille Juan Pedro Domecq a encore déçu.   Il n’y a rien à retenir du lot. Ni sa présentation, ni son comportement. Tous arboraient les bolitas classiques quand toréent les figuras et tous furent nobles comme le désirent ces derniers. Quant à la tauromachie elle sort perdante.

Le lot de Juan Pedro Domecq était terciado, descastado et faible.

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Le premier Juan Pedro de  Morante de la Puebla, aux allures bovines, ne permet au maestro que deux véroniques et la demie, rythmées par une brise qui vient de se lever.  Piqué en arrière, le toro s’emploie plus avec la tête qu’avec les reins. Il devient distrait postérieurement à l’épreuve.  Grande prestation de Curro Javier palos en main qui par deux fois laisse venir le toro et pose de poder a poder au centre du ruedo.  Il salut.  Le début de trasteo de Morante est esthétique et brouillon à la fois.  Les premiers passages à droite vont a más et déclenchent la musique. Les charges sont molles et la muleta reste à mi-hauteur par nécessité. À gauche, Morante tire des lignes car le bicho ne supporterait pas d’être obligé par le bas, ni en finissant derrière la hanche. L’ensemble est techniquement robuste et sincère. Entière basse portée en citant d’abord, puis en passant la tête.  Pétition d’oreille et ovation.

Le second adversaire de Morante est cornidelantero.  Le maestro le passe en véroniques de peu d’intensité car l’animal manque de vivacité. Cet exemplaire distrait, charge de loin le cheval où il reçoit une bonne, longue et excessive ration.  Comme après le capoteo d’entame,  il se promène vers la querencia.  Une seconde pique semble lui retirer toute velléité de combattre.   Morante « cite » pour un tanteo de muleta par le haut. Le toro trébuche et Morante ne manque pas de faire le nécessaire pour démontrer l’inaptitude au combat de l’opposant.  Deux épées très défectueuses. Sifflets pour le bicho et silence pour le matador.

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José Maria Manzanares affronte en premier un exemplaire colorado, fin et bien armado.  Abanto, il met du temps à répondre à la cape de son matador qui va le chercher au centre, lui apprend à suivre l’engaño et termine par véroniques et demi-véronique dominatrices.  Au cheval le toro bouscule et obtient la chute de la cavalerie.  Quite par chicuelinas mains basses aidées par le fait que l’animal a une charge ouverte, vers l’extérieur.  La seconde pique appuyée par le varilarguero Paco María met aussi en évidence la touche de mansedumbre du juan-pedro. Chicuelinas et larga de Pablo Aguado à toro distrait dans un quite qui traverse le ruedo en poursuite de l’animal.  Celui-ci se désintéresse du combat dès les premier muletazos.  L’effort du matador est de fixer le toro. Il y parvient dans une série droitière à la suite de laquelle le bicho se fixe en proposant des charges broncas, sans classe.  À gauche, les charges sont incertaines et incomplètes. Le matador a fait l’effort.  Entière basse et trasera en passant au large.  Silence.

Lorsque sort le cinquième l’ambiance sur les tendidos est au plus mal.  Le toro est exagérément acucharado et corniapretado.  La cape de Manzanares est accrochée lors de la tentative de véroniques.  L’animal pousse sous la pique, puis sort seul.  Son comportement est totalement désinterressé alors qu’il reçoit un second picotazo.  Le tanteo ne laisse rien augurer de bon.  Le toro passe sans agressivité dans la muleta et tire des derrotes.  Le matador réalise un trasteo volontaire des deux mains, dénué de transmission. Pinchazo, puis entière contraire et descabellos. Sifflets pour le juan-pedro et silence pour Manzanares.

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Le troisième toro de la corrida est accueilli par Pablo Aguado avec des véroniques templées et lentes dont il a le secret, avec une préférence pour la corne gauche.  La Maestranza rugit. Les chicuelinas marchées pour la mise en suerte au picador n’ont pas le même rythme, mais plaisent.  Le toro pousse sur une corne sous le peto.  Le quite par chicuelinas du Sévillan est brouillon.  À la seconde pique le toro dévoile sa pointe de mansedumbre, puis passe en marchant dans le nouveau quite par véroniques du matador.  Le début de trasteo de Pablo Aguado par doblones, genou en terre, suivi de molinete et de passes droitières, font espérer une faena. Le toro en décide autrement. Sa charge éteinte ne transmet rien.  Le Sévillan insiste sur les deux cornes et parvient à dessiner quelques naturelles douces et templées dans un ensemble long et insipide.  Pinchazo, metisaca et entière desprendida. Sifflets pour le juan-pedro et silence pour Aguado.

Le dernier combat de la corrida à charge de Pablo Aguado démarre avec quelques véroniques templées qui redonnent l’espoir aux aficionados.  Le tercio de varas nous révèle que le toro a peu de force et moins de fond.  Pourtant dans le quite du matador par véroniques, le bicho fait presque l’avion dans les lances.  Aguado va directement à la querencia vers les toriles pour entamer la faena.  Choix judicieux car le toro répond avec verve dans les derechazos enchaînés.  L’espoir a duré deux tandas et puis le bicho a capitulé, rajado.  La suite n’a aucune intensité.  Demi-épée traseraBronca au toro dont on suppose qu’elle se dirige aussi à l’ensemble de la corrida.

René Arneodau 

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