Madrid 19 mai 2022 -12ème de Feria – Corrida dont les toros de Victoriano del Río ont terni leur réputation. Sauvetage de l’après-midi d’Andrés Roca Rey au 6ème. Confirmation d’alternative honorable de Fernando Adrián.

Le nouveau « no.hay-billetes » de cette corrida signifiait la grande expectation du public pour la première apparition du Péruvien Andrés Roca Rey et de José María Manzanares dans cette feria 2022 avec des toros de Victoriano del Río qui par le passé à Las Ventas et plus récemment à Valence leur avaient offert des succès retentissants. Fernando Adrián, vainqueur de la Copa Chenel de 2021 avait gagné son contrat pour la San Isidro et, à cette occasion, confirmait l’alternative. La grande chaleur à Madrid s’était transformée en bochorno  (esp : chaleur suffocante et vent chaud ; esp. fam. : déception majuscule ou fait honteux). Les toros de Victoriano del Río étaient aussi la cause de cette dernière acception. De comportements divers, si l’on veut être aimable, des pointes de mansedumbre manifestes - 2ème et 3ème -  bien qu’ensuite, les « officiants », par leur technique, l’occultaient en faisaient ressortir le fond positif des toros de Guadalix de La Sierra (Madrid) sans pour autant permettre de grandes choses. Le 4ème ne se tenait pas debout et dut être rapidement estoqué. Le 6ème qui correspondait à ARR, donnait l’occasion d’assister à toute la vaillance du torero de Lima, son savoir-faire et surtout son sens du spectacle qui impactent tant sur le public, quel qu’il soit. L’ambiance n’était pas non plus favorable aux figuras du jour, JMM et ARR, auxquels des « entendus » leur « conseillaient » telle ou telle position face au toro, propos déplacés, injustes et impertinents. Les picadors quoi qu’ils firent étaient conspués sauf Alberto Sandoval  et Sergio Molina qui avaient piqué respectivement le 1er  et le 6ème avec mesure. L’élevage de Victoriano del Rio sera à l’affiche le 27 mai : espérons que ses produits offriront un autre spectacle qu’aujourd’hui.

Fernando Adríán confirmait l’alternative avec « Amante », noir, de 529 kg né en octobre de 2017. Ce toro, collé aux planches était « cité » du centre de la piste pour un doublé péndulo – passe de poitrine à genoux. Tardo, il chargeait mal, descompuesto, surtout lorsque le « cite » était court. Des naturelles et derechazos mais le toro n’en voulait plus Des manoletinas pour finir et l’épée tombait un peu bas. Au 5ème, le toricantano ne pouvait faire mieux avec un toro qui avait tendance à charger brusquement, à l’improviste, par arreones. Il avait chargé de la sorte le picador de service… soulevant le cheval… Cette force mal employée dans la muleta, découvrait son manque de « caste », se réduisait à des arrêts, des sorties de muleta distrait. Surprise : Fernando Adrián réussissait une série de la droite, liée sans classe de la part du toro, sans se livrer. Une estocade desprendida suffisait pour en finir avec une prestation honnête étant données les conditions de ses deux opposants.

              

José María Manzanares, dont un grand toro « Dalia » de ce même élevage lui avait offert un grand triomphe en 2016, ne pouvait le rééditer aujourd’hui. Après les bonnes véroniques et la demie de réception d’un toro de mucha leña (« bois » ou cornes développés), celui-ci sortait seul de la première pique et se défendait par des coups de tête sous la seconde affirmant son caractère de manso. Muleta en main, par le bas, JMM faisait de son mieux, car le vent gênait, le toro passait par petits sauts. Sur la corne droite c’était possible, moins sur la gauche. La disposition du torero était évidente malgré certaines protestations des impertinents habituels. Le toro s’arrêtait à moitié de passe. Des pinchazos suivaient avec un avis avant de placer une épée entière. Au 4ème, c’était pire ! En plus d’une bravoure douteuse - c’est un euphémisme - ce toro faible de pattes au sortir des piques, recevait deux salterillas de Fernando Adrián, qui perdait pied et se faisait, au sol, le quite avec son capote… Sans force du bestiau, sans rien, il n’y eut pas de faena. Estocade entière.

Andrés Roca Rey réalisait une grande faena au 6ème  gâchée à l’épée à un toro qui se distinguait de ses congénères par une fixité, malgré sa distraction aux deuxième tiers et sa tendance à se coller aux tablas, qui permettait néanmoins la continuité de ses charges. Entrepris dès sa sortie du toril par des véroniques, progressant vers le centre du ruedo et prenant l’ascendant sur ce toro (peut-être avec l’idée d’éviter les fuites des toros antérieurs ?) ARR  dessinait des véroniques serrées, une tafallera et laissait « mort » le capote en guise de remate.  Il n’y avait pas de quite après les piques. Le bon tranco du toro au deuxième tiers était un bon signe, Francisco Durán « Viruta » ne devait pas être de cet avis… étant chaque fois poursuivi après la pose des banderilles… Après le brindis au public, ARR  se plaçait à genoux,  juste au niveau des lignes, donc à une courte distance du burladero des cuadrillas où le toro s’était réfugié. Le classique péndulo suivi de redondos et, debout, la passe de poitrine, formaient un début de faena explosif. Face au Tendido 6, malgré vent, ARR engageait la première série de la droite et tirait le toro dans des passes serrées, muleta baissée, avec « temple »,  corps vertical et passe de poitrine lentissime. Public debout et ¡olés ! Dans les cornes, ARR tirait cette fois des naturelles après une capeina, le toro s’était arrêté mais suivaient des passes des deux mains, une arrucina improvisée et pase de pecho liés -  tout le répertoire - les pieds rivés au sol, des passes très lentes, des changements de mains dans des positions impossibles, le toro à sa merci. Malheureusement, avec l’épée, un pinchazo hondo et les descabellos ratés faisaient retomber le ravissement des spectateurs conquis. Sonnaient deux avis ! Le 3ème, un toro qui mettait bien la tête dans la cape de ARR, fut l’objet d’un beau quite par une tafallera suivie de gaoneras et une brionesa, le tout au centre du ruedo marquant les intentions pour cet après-midi. Fuite du toro vers  le picador réserve… Après un bon début de faena, la muleta baissée à cause du vent et pour fixer le toro, celui-ci n’avançait plus, sortait de la suerte. Un bajonazoqu’il faut supposer accidentel -  achevait la courte faena  et le toro

                  

 

 

José María Manzanares : un avis et silence ; silence. Fernando Adrián : un avis et saluts ; silence. Andrés Roca Rey : silence ; deux avis et saluts et grande ovation. Sifflets à larrastre de la plupart des toros. Grosse chaleur. 22.964 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

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