Madrid 25 mai 2022 – 18ème de feria – Échec total et énorme déception des toros de Fuente Ymbro – Effort notable d’Andrés Roca Rey au 5ème sans triompher.

Après la très intéressante novillada de lundi dernier avec des novillos de Fuente Ymbro, on attendait pour cette corrida de figuras un autre résultat et, au moins des faenas pour répondre au remplissage complet de Las Ventas avec un nouveau no-hay-billetes. Diego Urdiales triomphateur avec ces toros du même élevage en l’automne 2018 était accompagné d’Andrés Roca Rey, auteur d’une très bonne faena le 19 mai dans ces arènes et pour remplacer Emilio de Justo : Ginés Marín. Ce dernier avait tenu être présent encore avec les points de suture sur sa grave blessure d’il y a 10 jours ! Comme c’est souvent le cas,  les toros ne participaient pas à la fête, mais pire, ils étaient le prototype  de la déliquescence de la bravoure, bravoure qu’un toro de lidia est censé représenter. Des bestiaux de poids allant de 576 à 615 kg, homogénéité que l’on retrouvait dans leur âge – près de six ans – et dans l’affichage de leur mansedumbre. De cette corrida, on retiendra la volonté d’Andrés Roca Rey d’honorer son contrat et de (se) prouver combien il est maître de son art quelles que soient les circonstances, même climatiques, aujourd’hui avec la présence constante du vent.

 Diego Urdiales se défaisait du 1er, à la cape, pour l’extraire du terrain des barrières. Cette tendance se confirmait entre les deux piques, poussées mais seulement soutenues par le picador Oscar Bernal. À cela, on ajoutera le peu de force et de mobilité de ce toro, entrepris en douceur dans les premiers muletazos de la faena

Le peu de course et accompagnement du toro dans la muleta, presque arrêté, contraignait Diego à abréger et prendre l’épée pour une estocade très, très basse… Le 4ème, celui de 615 kg, armures imposantes, cornivuelto, sortait sans codicia, sans poussée sous le cheval, sortant suelto les deux fois. Dans la muleta, il « protestait », charge désordonnée ou hachazo en fins de passes. Les essais des deux mains s’avéraient inutiles. Un pinchazo pointé bas, une demi-estocade verticale et un descabello mettaient le point final à une prestation inédite compte tenu de la forme de toréer du torero d’Arnedo tant prisé et respecté à Madrid.

Andrés Roca Rey paraissait devoir changer le ton de cette corrida qui avait mal commencé. Le 2ème, statique, chargeait néanmoins avec violence la cavalerie, le châtiment précis et bref. Le quite par chicuelinas au centre de la piste, ultra serrées, ne corrigeaient pas pour autant le manque de fijeza de l’animal. Le brindis au public semblait hors de propos… Des statuaires réalisées dans un minimum d’espace et de charge montraient à la fois la sécurité en soi, le courage de ce torero qui continuait à faire passer le toro, charge descompuesta lorsqu’il chargeait à gauche.  La puissance – poder – de la muleta de ARR faisait le reste, mais bien peu, en égrenant les passes, une à une, sur la droite. L’estocade desprendida était radicale. Toutes les qualités d’Andrés Roca Rey éclataient avec le 5ème sans atteindre des sommets mais avec la volonté inébranlable de lutter contre l’adversité : un toro, volumineux, court de cou, morillo proéminent… qui n’acceptait aucun capotazo jusqu’à charger seul le cheval  pour la première pique et sortir seul de la seconde, qui évitait tout contact avec les subalternes, déclarant sa mansedumbre manifeste. Malgré tous ses points négatifs, ARR allait face au Tendido 5, supposé à l’abri du vent, sans succès, avant de décider de changer de terrain, aller face au toril… Là, il réussissait à lier une série impossible de derechazos, une autre entrecoupée de deux passages dans le dos. De la gauche, de plus en plus près des planches, près du toril, les passes se succédaient en aller et retour, gardant dans sa muleta le toro qui tentait de la fuir. Des bernadinas pour terminer, serrées comme il se doit, alors que le public scandait Torero ! Torero ! pour couvrir les vociférations et autres bruits d’une une partie du public du haut du Tendido 7 qui critiquaient cette faena volontariste… à un manso ! Deux pinchazosal encuentro ? – précédaient une estocade entière. Cette triste fin fut la seule tache à cette faena de ce garçon opiniâtre et décidé contre vent et… reflux des mansos de Fuente Ymbro.

                             

Ginés Marín n’était pas mieux servi. Le 3ème, castaño, de 576 kg et belles hechuras, ne dura pas plus deux minutes d’une faena d’aliño, tant la couardise et manque de force du fuente-ymbro l’obligeaient à aller chercher l’épée pour une estocade d’effet immédiat. Le 6ème, des cornes oui, mais pas grand-chose dans les entrailles pour combattre dignement face au matador qui, lui aussi faisait l’effort de se placer, de s’exposer, de le faire passer d’abord de la gauche en passes isolées, « perdant » des pas pour engager une charge sans qualité. Il parvenait à lier quelques derechazos tout à la fin, le toro, tardo qui chargeait sèchement, évidemment sans classe!  Estocade arrière et FIN.

Diego Urdiales : silence aux deux. Andrés Roca Rey : ovation et saluts aux deux. Ginés Marín : silence ; un avis et silence. Notables paires de banderilles de Javier Ambel et Antonio Chacón tous deux de la cuadrilla de Andrés Roca Rey. Ginés Marín recevait une ovation au terme du paseillo pour sa réapparition après sa blessure du 15 mai. Tous les toros sifflés à l’arrastre. 22.964 spectateurs.

Georges Marcillac

Photos de cultoro.com

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