Bilbao 24 Août 2016 Pétard d’Alcurrucén et deux oreilles à Diego Urdiales.

 UrdialesLes trois-quart de tendidos ont fait une ovation à Diego Urdiales en souvenir de son grand triomphe de l’an dernier. Celui du jour n’est pas de la même ampleur et peut être jugé comme exagéré. Quant à la vuelta octroyée au second toro, c’est carrément un mirage. L’ensemble du lot est sorti manso et sans classe avec des degrés divers de complications sauf le toro du pseudo triomphe qui fut docile mais aussi tardo sans l’étincelle qu’on attend d’un toro de vuelta. Il est vrai que les toros d’encaste Nuñez sont connus pour leur froideur à la cape mais là c’est de la mansedumbre patente qui s’est exprimée.

MoranteJosé Antonio Morante attend que le premier Alcurrucén se décide à quitter le centre du ruedo pour combattre. Il est manso, armé long, corniapretado allant à brocho. Morante de la Puebla le passe avec précaution et José Antonio Carretero se charge de la brega pour le mettre dans la cape. Le alcurrucén  est peu virulent sous le fer,  il y reçoit néanmoins une bonne ration. Morante approche les débats avec beaucoup de précaution et de circonspection. La charge est à contre temps, en ligne droite, incomplète, mais noble. Rapidement le bicho s’immobilise et Morante prend l’épée. Trois pinchazos et une demie lame. Sifflets au toro et silence.
Le quatrième sort également en manso et se fige au centre. Après avoir tenté de sauter dans le couloir, il est lidié à nouveau par J.A. Carretero, puis Antonio Jiménez « Lili », avant de recevoir une bonne ration au cheval de réserve et enfin une autre à la volée au cheval régulier. Le changement de tiers est ordonné par le président et protesté par Morante. Forte bronca alors que le maestro opte pour prendre l’épée. Les demies lames sont portées dans l’esprit du moment. Palmas y pitos au toro. Sifflets pour Morante.

UrdialesLe second Alcurrucén, à la robe berrenda en colorado, inhabituelle, se comporte comme ses frères. Diego Urdiales lui vole cependant juste avant les piques quelques delantales et une demie véronique. Le bicho s’emploie sous la première pique et est épargné à la seconde. Quite sans calcul de Ginés Marín par chicuelinas et demie véronique en passant les deux mains. Brindis chaleureusement accepté par le public. Début de faena méthodique en cherchant les terrains. Aux medios Diego finit par cadrer deux séries droitières rythmées, terminée la seconde par un cambio de mano. La troisième au centre gagne encore en intensité car le torero marque son terrain et guide les assauts. Musique. Le premier passage à gauche est meilleur du côté toro que du torero. L’embestida est par le bas et longue. Dans la suivante le torero reprend les commandes et oblige l’Alcurrucén. De retour à droite le toro est tardo et le torero en retrait. Le remate de faena à gauche finit par convaincre les tendidos. Entière desprendida d’effet rapide. Deux oreilles et vuelta au toro dans l’euphorie générale.
Le second d’Urdiales est abanto et montre des signes de boiterie. Mouchoir vert. Le sobrero fait aussi une sortie en piste de manso et des extraños dans la cape d’Urdiales qui le mène au centre avec décision et efficacité. Le toro attaque le cheval dès son arrivée en piste pour une pique poussée. La seconde dans les terrains classiques est prise en passant et en ruant d’où un troisième passage rapide. Comme à la cape Urdiales mène l’opposant au centre. Dans les premiers derechazos, le toro relève la tête à mi-passe. À gauche le bicho n’inspire pas confiance au torero. C’est donc à droite qu’il arrive à donner quelques derechazos dont les plus templés calment très brièvement le calamocheo. Pinchazo et pinchazo profond en prenant ses distances. Plusieurs descabellos. Sifflets au toro. Silence.

MarinGinés Marín – en remplacement d’Andrés Roca Rey non remis de sa sérieuse voltereta  de Málaga –  se présente à Bilbao avec un exemplaire distrait et mansurón avec lequel il reste inédit à la cape. Le formalisme des piques est conduit méthodiquement. Brindis TV. Début de faena élégante malgré les hésitations du toro qui s’arrête dans les passes. Le jeune matador essaye de tenir son terrain mais, averti à plusieurs reprises, il doit rompre. Malgré les parones il insiste sur les deux cornes et recueille la reconnaissance du public. Pinchazo et quasi entière contraire. Salut au tercio.
Ginés Marín est obligé de bregar les charges douteuses et décomposées du dernier toro de la corrida. Le torero fait piquer avec mesure son opposant qui titube à l’occasion. Marín cite pour estatuarios et cambio dans le dos qui réveille les gradins. Le jeune torero torée comme si le bicho était bon et aguante les extraños jusqu’au désarmé. Il insiste et tire des derechazos et naturelles sans pouvoir briller mais avec une décision qui inspire le respect. On retiendra la série de derechazos de face ou de trois quart qui convainquent les gradins comme les manoletinas arrachées avant un pinchazo hondo en todo lo alto. Un descabello. Sifflets au toro. Vuelta.

René Philippe Arneodau.

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