Bilbao - 24 août 2018 - Deux oreilles et Puerta Grande pour Andrés Roca Rey.

Ce jour,  s'est couru un panachage imprésentable de toros de Victoriano del Río (2, 3, 5, 6) et de Toros de Cortés (1, 4), complété par un sobrero de Encinagrande en second bis.  Face à un tel lot à la caste et bravoure limitées, le triomphateur du jour a choisi de ne pas faire châtier ses opposants et a mis les bouchées doubles pour s'imposer, probablement, comme triomphateur de la feria.  Ce triomphe au sixième victoriano-del-río démontre que Andrés Roca Rey a des capacités et une volonté hors du commun.  Il faut toutefois mesure garder compte tenu de l'opposition.  Sebastián Castella et José Garrido, sans démériter, on été obligés d'accepter de voyager dans une autre classe. 

Il revient à Sebastien Castella d'ouvrir le rituel face à un adversaire très juste de présentation, cornicorto et estrecho de sienes qui prend de vitesse le matador dans les lances de réception accélérés.  Manso au cheval le de Toros de Cortés ne fait que des passages à la volée puis fuit dès qu'il sent le fer.  Quite par chicuelinas et demi-véronique de José Garrido.  Le début de faena de Castella, plein de personnalité, profite de la répétition du bicho, d'abord main sur la barrière, puis par le bas en avançant.  Dans les derechazos le toro garde la tête baissée et ne la relève pas entre les passes.  Il répète avec envie.  À gauche, malgré un avertissement aléatoire, c'est le même désir de suivre le leurre qui l'anime.  Le matador cherche continuellement la distance et le sitio pour assurer des enchaînements qui ont du mal à venir.  La faena sur les deux cornes est électrique.  Le toro ne cesse de répondre aux cites, accompagné de la musique.  Les doblones finaux ont de l'allure mais la sensation d'ensemble est que le torero n'a pas dominé son adversaire.  Pinchazo avant 3/4 de lame trasera et caída.  Applaudissements au toro.  Ovation et salut.

Sebastien Castella reçoit son second adversaire, terriblement terciado, par un capoteo destiné à concentrer l'attention du bicho sur le leurre.  Le torito est piqué avec grande mesure et, malgré cela, il sort de l'épreuve éteint. José Garrido dessine un quite de salon a un toro distrait auquel Castella répond par cordobinas et demi-véronique.  Ayant repris du poil de la bête au second tiers le bicho montre une tendance a appuyer vers les tablas avec piquant.  Rafael Viotti salue.  Brindis au public.  Castella entreprend la faena en confiance totale, laissant le toro le frôler et toréant avec une totale décontraction au rythme de la charge noble et douce du toro.  Les derechazos sont ponctués par cambio de mano et beaucoup d'aguante.  Puis soudain le bicho abandonne.  Toute tentative postérieure reste anecdotique.  Entière trasera et de côté.  Sifflets au toro.  

José Garrido venu en remplacement de Cayetano Rivera Ordoñez va a puerta gayola pour recevoir à genoux son premier victoriano-del.río pour une scène des plus insolites car en sautant pour passer dans la cape le bicho retombe affalé au sol sans bouger.  Il est changé car incapable de combattre.   Le sobrero est un de Encinagrande.  Il hésite face à José Garrido et se montre peu prolixe sous l'épreuve du fer.  Manuel Larios salue à juste titre après deux paires de banderilles posées avec torería malgré les coups de têtes du bicho.  Brindis au public.  Le toro passe sans entrain dans les statuaires, trincherillas et pases de pecho du matador. Il charge avec qualité dans les derchazos sans cependant répéter.  Rapidement le toro se "raja" et cherche querencia aux toriles.  José Garrido insiste en vain.   Bajonazo.  Quelques palmas pour le matador.  

Le cinquième est protesté pour son apparence impropre aux lieux.  Les véroniques aisées, esthétiques et fades de Garrido ne rencontrent aucun écho.  La vara est relevée presque immédiatement à la première rencontre puis ne fait que frôler le cuir à la seconde.  Brindis TV.  La faena débute par des muletazos profonds sur les deux cornes.  Le bicho fléchit.  À droite, il a tendance à prodiguer un cabeceo que le torero maîtrise par intermittence.   À gauche la charge est basse et longue toujours avec un derrote final.  Quelques naturelles ressortent, le reste est commun.  Un passage droitier rythmé et lié redonne l'envie au public de participer.  L'arrimón par contre divise les avis avec une majorité à faveur de la prestation.  Demi-lame caida  avec avis.  Sifflets au toro.  Palmas et salut.

Andres Roca Rey doit attendre que son premier de Victoriano del Río se décide à charger:  delentales droitiés et véroniques pieds joints gauchères,  paraphés d'une demi-véronique.  Après une breve tentative de combat au cheval, le toro sort seul ce qui arrange ARR qui a donné l'ordre de le laisser "cru".  La seconde rencontre est seulement une piqûre.  Quite du matador au centre par chicuelinas, espaldina, cordobina et demi-véronique.  Le toro est vif, galope et "humilie" au second tiers.  Brindis au public.  Au centre, ARR attaque par pendulos enchainés avec pases de pecho.  La charge est boyante et ARR ne montre aucune hésitation.  Il contrôle  la tendance du bicho à lancer des derrotes en baissant la main et en appliquant le "temple" idoine.  Puis le toro se dégonfle et malgré la musique l'intensité baisse.  Lorsque ARR prend la gauche le toro est sur le point d'abandonner le combat.  Le Péruvien insiste à droite jusqu'à l'arrimón final et le public lui en est reconnaissant.  Demi-lame et descabello.  Légère pétition.  Palmas et salut.

             

Le dernier victoriano-del-río est accueilli par des chicuelinas anodines d'ARR qui est tout sauf impressionné par la morphologie anovillada de l'opposant.  Le torito attaque de loin et les deux puyas sont relevées à l'instant du choc avec le peto.  Quite au centre par saltilleras destinées à mettre le feu.  Mission accomplie.  Le torito étant "cru", le second tiers est laborieux.  Dans le dernier capotazo donné le toro se retourne à l'envers en donnant le signe qu'il veut "rajarse".   Brindis au public.  Les estatuarios de début de faena tombent à plat car le toro ne répète pas.  Le bichito veut fuir le combat.   ARR l'oblige à charger.  Le contraste plaît au public qui approuve. Le matador reste ferme face au cabeceo constant du bicho.  Les meilleurs passages  viennent à gauche dans des séries simples et profondes.  Musique.  De retour à droite le matador s'impose, jambe de sortie effacée mais sans jamais rompre.  Il reçoit la clameur du conclave.  Bernadinas en guise de touche finale.  Un pinchazo accompagné par un avis précède une entière dans la croix.  Deux oreilles concédées d'un coup.  Ovation au torito.  

René Philippe Arneodau 

Photos: Arjona pour aplausos.es

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