Le Monde Taurin est un train sans frein, en perdition.

Alors que de vaillants et visionnaires Aficionados ont oeuvré en silence pour la reconnaissance nationale, justifiée, de notre art, tout indique que le monde taurin n’a jamais été aussi aveugle. Tout se passe comme si, au moment où nous avons le plus besoin de justifier intrinsèquement l’art tauromachique, ceux qui ont le pouvoir et l’autorité ne se préoccupent en rien de la crédibilité de notre passion. Madrid est venu confirmer ce manque de lucidité. Des lots mal présentés, des bailes de corales, un public moins nombreux que d’habitude, celui qui était présent quelque peu indolent, un tendido 7 moins actif et réagissant souvent à coté de la plaque comme en exigeant la mise en suerte au cheval de toros qui n’avaient rien de brave ou en ne réagissant pas ou peu à la très mauvaise présentation de lots supposés toristas. Je fais ces critiques alors même que Madrid est ma plaza. J’ai la conviction que cette aficion n’a pas encore perçu ce dont Terres Taurines nous a alerté il y a longtemps, à savoir les méfaits des méthodes d’élevage actuel.
Comment les maîtres du mundillo ne peuvent-ils pas être terrifiés de voir que la grande majorité des toros de combat sortent des toriles au pas, en mansos, en donnant des signes clairs de ne pas vouloir participer au combat et dont une grande partie démontrent une soseria consternante ? Le public pense encore que le problème vient des toreros. Les empresas sont probablement convaincus que le retour de Jose Tomas assurera le rendement financier des Ferias et qu’il n’est pas besoin de se soucier d’autre chose.
Tout comme la lutte pour la reconnaissance de la tauromachie en tant que patrimoine culturel, il existe actuellement le besoin impératif de convaincre les politiques européens de l’absolue nécessité de cesser de considérer le toro de combat comme un animal d’élevage commun. Nous devons les convaincre d’adapter les normes aux spécificités de cet animal hors norme. Puis, s’il reste aux parrains du mundillo une once de clairvoyance, ils doivent immédiatement trouver les moyens juridiques et financiers d’abandonner les fundas et les manipulations de tout ordre du ganado bravo. Les professionnels ont tout à perdre et ce sont eux qui font le moins. Et on pourrait même dire qu’ils rament à contre courant, l’aficion gagnant des batailles pour la sauvegarde du toro de combat et eux tournant le dos aux signes d’un fracaso annoncé.
Le point commun entre tous les cas de toros mutants est que le phénomène touche tous les élevages et toutes les origines. Et puisque le mal est en cours, il est probablement trop tard pour sauver la temporada prochaine et probablement même encore la ou les suivantes. Les gradins non remplis de Madrid sont ils seulement le résultat de la crise ? Savez vous que pour la corrida de Cuadri, devant des guichets ouverts, des aficionados offraient de donner des places qui leur restaient sur les bras. Que le mundillo prenne ses responsabilités. En ce qui me concerne rien ne me ferait plus plaisir que d’avoir tort.
En France, dans le pire des scénarios, il nous restera l’option des cartels 100% français ce qui, par les temps qui courent, pourrait s’avérer une bénédiction, avec un ganado moins contaminé car moins prisé et des toreros sincères qui n’ont pas le pouvoir d’imposer leurs exigences.

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