Les toros et la télévision: le grand chambardement.

La nouvelle éclatait – officiellement – le dernier 1er février lorsque Rafael García Garrido, le principal dirigeant de Plaza 1 associé à Simon Casas, présentait la programmation de la Feria de San Isidro de Madrid et annonçait que l’opérateur OneToro avait acquis les droits de retransmission des corridas de l’ensemble des trois prochaines temporadas à Madrid. Evidemment cela supposait la rupture avec Movistar Toros qui occupait ces dernières années le quasi monopole des retransmissions télvisées des corridas de toros en Espagne, le reste étant du ressort des télévisions publiques des communautés autonomes régionales. L’affaire faisait grand bruit et tout au long de ces dernières semaines, les commentaires et rumeurs allaient bon train sur l’avenir de Movistar Toros, programme auquel tout aficionado était habitué avec des opinions diverses, comme il se doit, mais avec l’assurance de la couverture des différentes ferias importantes, non seulement d’Espagne, mais aussi de France, Portugal, Mexique, Pérou, Colombie et Equateur, en direct ou court différé pour les pays d’outre-Atlantique qui pouvaient, eux aussi, s’abonner à l’opérateur espagnol.

Le journaliste taurin de El Mundo, Vicente Zabala de la Serna, était le premier à “révéler” la fermeture de Movistar Toros qui n’aurait plus le support de ses abonnés pour continuer de manière viable les retransmissions, d’autant plus que Ramón Valencia, gérant de La Maestranza de Séville, emboitait le pas de ses collègues madrilènes pour annoncer que la Feria de Séville serait aussi retransmise par l’opérateur OneToro. La catastrophe! D’autres journaus de la presse écrite et numérique, les portails taurins aussi, se faisaient l’écho de l’annonce de El Mundo en apportant des réflexions propres en aucune manière étayées d’une information additionelle, réelle et fiable. Il faut dire que le porte-parole de OneToro, Moritz Roever, interviewé par David Casas lors du gala de présentation des cartels de San Isidro, n’apportait guère de précision à l’annonce et la discrétion était de mise. Les jours suivants, apparaissait le nom de Ignacio Diez de la Cortina en tant que directeur général de One Toro, un business man actif dans les Emirats et autres pays du continente américain. Malgré les nombreuses interrogations des professionnels de l’information et des aficionados, jusqu’à présent le seul élément connu de cette opération est la dénomination que prendra le nouveau canal audiovisuel: MundotoroTV. Il sera disponible en streaming sur téléphone portable, tablette, ordinateur et télévision (Smart TV). La présentation officielle de MundotoroTV aura lieu le 15 mars prochain.

OneToro entre donc en Espagne sur la base du portail taurin mundotoro.com avec qui aurait été signé un accord de collaboration éditoriale, d’oú le nom du futur canal taurin. Bien d’autres nouvelles s’ajoutent à cette affaire. Il faut se souvenir du départ en noviembre dernier du patron de mundotoro.com Carlos Ruiz Villasuso, pour le poste de Directeur du Département de Communication et Image de Plaza 1. Avant l’irruption de OneToro dans le monde audiovisuel, taurin de surcroît, on avait enregistré le départ à la retraite de Victor Santamaría, réalisateur chevronné des retransmissions des corridas par Movistar Toros. On vient d’apprendre qu’il reprennait du servive pour… MundotoroTV. David Casas, journaliste qui avait assuré reportages et interviews de Canal + et Movistar Toros pendant plus de vingt ans était remercié en 2021. Il vient d’être recruté par OneToro pour diriger l’équipe “visible” des commentateurs et assistants techniques en matière taurine selon le schéma des retransmissions auxquelles nous sommes habitués.

C’est bien là que surgissent toutes les questions qui restent pour l’instant dans l’air. Le nouveau canal “de toros” sera payant et les formules de visionnement et d’abonnement seraient plus flexibles que les actuelles de Movistar Toros selon les premières informations circulant dans les medias. Les aficionados pourraient choisir entre un abonnement annuel ou mensuel, pour une feria déterminée ou bien pour une corrida isolée. Des offres spécialess, de lancement, seraient aussi proposées. Le streaming est une façon de visioner toutes sortes de programmes à laquelle sont très familiarisés les jeunes générations et, beaucoup moins, les plus… âgés. Cette technologie ouvre des possibilités de se connecter et visionner “à la carte”, en direct, différé ou “en conserve” pour les plus addicts, une chanson et son interprète, la séquense d’un concert ou d’un film. Est-ce que le streaming permettra aux aficionados de revoir une faena? la visite d’un élevage? la biographie ou interview d’un torero? etc.,en dehors des souscriptions conventionnelles? C’est en tout cas une ouverture, insoupsonnée jusqu’à présent, pour la diffusion la plus large de la fiesta de los toros, ouverture qui prétend aller au delà des frontières des pays taurins de tous les continents.

Après avoir scellé la mort certaine de Movistar Toros, voici que maintenent se pose la question de la programmation de MundotoroTV qui évidemment ne peut pas se limiter à la seule  retransmission des corridas. C’est pour cela qu’il est dit que MovistarTV ne mettrait pas la clé sous la porte… et chercherait des solutions de survie auprès des instances visibles du monde taurin comme l’ANOET, la Fondation del Toro de Lidia et la Unión de Matadores et des empresas qui n’ont pas été contactées encore par OneToro. D’ailleurs, on verrait bien que MundotoroTV puisse utilisées les archives de Movistar Toros qui pourrait, en retour, distribuer sous licence, les contenus du nouvel opérateur.

Aussitôt faite l’annonce de la naissance de OneToro et qu’un contrat de trois ans était signé avec Plaza 1, la presidente de la Communauté de Madrid, Dª Isabel Ayuso, y allait de son scoop durant le gala du 1er février et proclamait qu’un accord avait été conclu avec OneToro pour la diffusion en clair de 14 corridas de la San Isidro par la télévision publique Telemadrid! Il faut savoir que certaines CC.AA. disposent d’un canal de télévision en clair pour ses administrés. D’ailleurs ces télévisions autonomiques sont très actives pour la promotion de spectacles taurins comme celle de Castilla-La Mancha avec plus de 70 retransmissions en 2022 de novilladas non piquées ou avec picadors, corridas formelles et recortes. Canal Sur (d’Andalousie) est aussi très présente dans ce domaine.  Cette concurrence avec les programmes taurins cryptés est évidemment une compensation, certes mince, pour les téléspectateurs aficionados de ces régions qui, pour diverses raisons, (économiques, lacunes informatiques, etc.) n’ont pas accès à cette nouvelle offre de OneToro pour assouvir leur passion. L’avenir nous dira si ce défi lancé pour la diffusion moderne de la tauromachie sera couronné de succès permettant sa survie par-dessus les contingences économiques, les embûches politiques et sociétales du futur.

Georges Marcillac

PS: En début d’après-midi de ce jour 20 février 2023, tombait la Note de Presse de Movistar Toros confirmant l’arrêt définitif des émissions du canal thématique Toros à partir du 23 mars 2023. Il est indiqué qu`’ “après plus de 30 ans misant sur la tauromachie et la nouvelle situation du marché et l’irruption de nouveaux acteurs, lamentablement font que n’est plus viable la continuité du canal qui s’est consacré en exclusivité au secteur (taurin - NDLR). Voir le communiqué intégral émis à cet effet:

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