La novillada de Los Maños, dans les conditions du jour (vent), est très difficile à juger. En première lecture, nous pourrions dire qu’elle fut peu propice au triomphe. Il faut cependant prendre en compte le fait que le vent a été un ingrédient néfaste qui a brouillé les cartes. On peut légitimement se poser la question si, en d’autres circonstances, les qualités cachées des novillos auraient pu être mises en valeur.
Mario Navas remplace, ce jour, le très attendu Marcos Linares, blessé à Séville il y a trois jours. Le vent fut un facteur notable de la novillada comme de la feria en général.
Le premier novillo de Diego García charge la cape pattes en avant et avec un léger contre temps. Le travail de cape est courant. Piqué en arrière le de Los Maños reste longuement collé au peto. Il pousse brièvement lors du second voyage. Quite de Christian Parejo par tafalleras et revolera auquel répond Diego García par véroniques et larga, l’ensemble, routinier. Brindis au public. La faena démarre par une série droitière rapide au rythme du novillo. García baisse la main dans la série suivante mais le toro ne respecte pas la seconde moitié de la passe. La série suivante est menée en deux parties légèrement a más. Sur la corne gauche, un avertissement renvoie immédiatement le torero à droite pour une série méthodique mais sans relief, le toro sortant des passes distrait, sans celo. Le novillero de San Sebastián de los Reyes tente une nouvelle fois la gauche sans résultat, le bicho chargeant croisé avec brusquerie. Deux pinchazos portés avec précaution sont suivis d’une entière desprendida. Avis. Descabello. Silence.
Le quatrième novillo, volumineux, essaye d’accrocher la cape de Diego García dans chaque véronique tentée. Il pousse longuement sous une première pique, trasera. À la seconde, toujours défectueuse, il renonce. Christian Parejo au centre réalise un quite accidenté par chicuelinas, le novillo ne respectant pas les cites et venant au pas. La brega au second tiers est une épreuve presque impossible tant les capes volent et le bicho charge en chassant ses proies. Brindis personnel. Les premiers doblones sont valeureux et volontaires. Les derechazos en avançant sur le novillo arrivent à canaliser une charge incomplète, car distraite en final avec des derrotes constants. À gauche, le novillo devient imprévisible et aquerenciado. Diverses tentatives avec l’épée. Silence.
Christian Parejo, qui fait sa présentation à Madrid, reçoit son premier novillo par véroniques avec un genoux à terre dans un ensemble désordonné. Face à la cavalerie le novillo pousse par deux fois et Mario Navas exécute un quite par delantales brouillons. Au second tiers, le novillo met en difficulté les banderilleros sauf Curro Javier dont la brega appliquée est notable. Brindis de Parejo au public. Les statuaires d’entame, face au vent, sont très mal choisies et entraînent au second passage une très forte voltereta sur la corne droite. Le jeune torero revient pour donner les mêmes passes avec une colada à droite, côté de l’accrochage. Il entreprend donc la suite à gauche, muleta volant dans une bagarre risquée. Tout ce qui suit, dans divers terrains du ruedo, se situe entre courage et entêtement, essentiellement sur la corne gauche, dans un trasteo qui porte ses fruits lors de quelques passages face à un animal distrait et peu prévisible. Demi-lame portée avec précaution justifiée compte tenu des dangers de la corne droite. Suivent plusieurs pinchazos alors que sonnent deux avis. Une entière trasera termine une épreuve compliquée relevée avec courage par Parejo. Silence.
Christian Parejo affronte un second adversaire cornicorto qui suit avec classe deux lances templés dans un ensemble affecté par le vent. Le novillo piqué en arrière s’emploie en deux rencontres. Bonne prestation de Curro Javier et Vicente Herrera aux banderilles. Les premiers muletazos sont des pases de costadillo, peu usités, terminés en passes de poitrine. La série droitière qui suit est complète, donnée jambe de sortie en avant et corps croisé. La suivante est plus marginale. Le comportement du novillo va a menos rapidement. Le trasteo s’en ressent et perd en intensité. Le bicho sort tête haute des naturelles dénaturant l’effort du novillero. Les derechazos suivants n’ont plus de consistance. Quelques manoletinas terminent une faena qui s’achève dans la platitude. Pinchazo, 3/4 d’épée de côté et atravesada. Avis et descabellos. Division et salut.
Mario Navas affronte un premier adversaire au trapio corpulent qu’il combat à la cape avec difficulté face à des charges imprévisibles. Le novillo s’emploie aux deux chevaux, en trois passages, dans un désordre que la cuadrilla ne maîtrise pas. Quite de Diego García par deux delantales et revolera, l’ensemble sur la corne droite. Brindis TV. Les premiers muletazos sur jambe pliée, ou genou au sol, sont fermes et avec aguante car le toro donne l’impression de charger… sans le faire,. A droite l’animal garde la tête haute et se retourne vite. Navas fait un pas en avant entre chaque derechazo. À gauche, il se croise, passe par passe, en tirant des naturelles à mi-hauteur pour tenir compte de la condition du bicho. Le trasteo sur cette corne se décompose. Les derechazos qui suivent sont méritoires et imparfaits. Demi-épée en avant et de côté. Un pinchazo profond est suivi d’une entière verticale et desprendida qui terminent la faena lorsque sonne un avis. Silence.
Le dernier de Los Maños donne à Mario Navas un volteretón lors du travail de réception à la cape. Le novillo pousse deux fois sous le fer en rechargeant de loin. Il met à l’épreuve les hommes à pied pendant les deux premiers tiers. Dès le début de faena, le los-maños prend le dessus. L’ajout du vent donne l’alibi à Navas pour abréger. Les deux passages au guichet sont des plus précautionneux, laissant une épée delantera suivis de descabellos.
René Arneodau
Photos de Plaza 1