Madrid 27 mai 2023 – 16ème de Feria – Corrida de El Pilar - Déception de poids et peu d’options pour les toreros.

La corrida de El Pilar, propriété de D. Moises Fraile Martín, autre membre de la fratrie Fraile de Salamanque (voir la corrida d’hier), affichait les poids et des robes caractéristiques de l’encaste Aldeanueva: grosse charpente et pelage châtain ou colorado. Ils étaient opposés à Diego Urdiales, le désormais vétéran torero d’Arnedo (Rioja), Pablo Aguado, l’élégant torero sévillan et Francisco de Manuel, jeune matador de l’équipe de la famille Matilla. Effectivement, il y eut des poids affichés allant de 515 à 630 kg et il y en eut pour tous les goûts car des protestations s’élevèrent pour un trapío ou des hechuras qui n’entraient pas dans les normes des "experts" du T7. En verité, les poids ne font pas les toros et hormis ces divergences d’appréciation, le dénominateur commun de ce lot fut la faiblesse, manifestée pour la plupart après les piques, pas très sévères pour la plupart, et le manque de caste. De la sorte qu'ils se traînaient derrière les muletas, sauf peut-être le 6ème qui avait un surprenant sursaut et mettait même en difficulté Francisco de Manuel.  Le 3ème devait être remplacé par un sobrero du même fer qui à son tour était renvoyé aux corrales, tous deux pour une faiblesse insigne, fléchissement du train avant et même chute totale du sobrero. Sortait un autre sobrero de Conde de Mayalde de 580 kg. Les toros titulaires, ainsi que les sobreros, étaient tous de cinqueños.

Diego Urdiales, qui semble affectionner les toros de El Pilar (voir le cartel du 7 octobre 2022) n’en obtient pas pour autant les succés qu’il espère. L’exemple le plus frappant fut le lot qui lui correspondait aujourd'hui. Le premier de 600 kg, bien proportionné (il était protesté…) n’était pas fixé à la cape et semblait s’être blessé dans sa charge au cheval. Après la première pique, Diego le prenait dans sa cape  pour des véroniques et la demie dans un quite surprise et finalement bienvenu car Pablo Aguado y répondait après la deuxième pique et dessinait deux belles véroniques “templées” et la demie au ralentí. De nouveau Diego s’avançait pour encore des véroniques très lentes et une demi-véronique belmontienne, un peu forcée car le toro s’ètait un peu rebiffé. Après cet apéritif, rien de bien brillant suivait car le toro n’acceptait plus la muleta après la seule série convenable d’ouverture de la faena. De charge descompuesta et après une tentative avortée de la gauche, il n’y avait plus rien à faire. Une estocade bien portée. Au 4ème, après l’illusion d’une bonne charge au cheval monté par Manuel Burgos qui levait rapidement la vara, le brindis au public était incompréhensible tant la faiblesse du toro était evidente et n’augurait rien de bon pour la faena… Le tanteo marché de Diego Urdiales confirmait l’indigence de l’animal, quelques derechazos et le toro s’arrêtait. À l’épée, il portait une demi-estocade atravesada

                

Pablo Aguado ne variait pas son répertoire à la cape, mais il dessinait de nouvelles véroniques et la demie super-lentes entre les deux piques d’un tercio de varas presque symbolique. Francisco de Manuel effectuait un quite toujours par véroniques auquel répondait encore Pablo Aguado. Le toro n’en pouvait plus de cette débauche démesurée. L’entrée en matière de  faena, primesautière, élégante, sévillane n’aboutissait qu’à un nouveau fléchissement du toro qui passait dans la muleta sans consistance, s’arrêtait même alors que Pablo Aguado se permettait le luxe d’un desplante incongru. Un pinchazo et trois-quarts de lame atravesada concluaient cette faena de pacotille. Le 5ème montrait dès sa sortie en piste une faiblesse du train arrière qui l’empêchait de charger en poussant des pattes arrière aussi bien à la cape que face au cheval. La course fatiguée de cet animal, sans “humilier”, et pour cause, se réduisait rapidement sans plus aucune charge, appuyé aux tablas, sans réponse aux tentatives de l’en faire sortir. Plusieurs pinchazos étaient portés avec précaution, en prenant la tangente!

Francisco de Manuel devait finalement combattre un toro du Comte de Mayalde, deuxième sobrero, après le renvoi de deux el-pilar qui sortaient complètement invalides de l’”épreuve” des piques. Une larga cambiada de rodilla de réception et des passes variées – chicuelina, delantal, revolera – sortaient le public de sa torpeur. Sans vraiment être piqué le toro se déplaçait au deuxième tiers, fixement sur “tout ce qui bougeait”. La faena était commencée à genoux, par une passe par le haut et poursuivie par deux redondos. Dans cette position, le toro cueillait le torero, le soulevait et une fois au sol le piétinait. Un peu commotionné, Francisco reprennait muleta et épée pour des derechazos, muleta baissée et perte d’équilibre du toro qui chargeait sans entrega ni forcé. “Cité” à gauche le toro grattait le sol et FdM restait ferme avant la charge. Le toro n’en pouvait plus. Grande estocade portée avec decisión. Le 6ème avait le même comportement que ses congéneres, sans entrain dans les capes, il s’affalait sous le peto lors de la première pique. Francisco de Manuel l’avait amené au cheval par de chicuelinas marchées. Sans forces au sortir des piques, il se déplaçait peu aux banderilles. Après un brindis au public, Francisco de Manuel, "citait" à bonne distance et le toro démarrait pour ensuite passer dans la muleta, allant a más dans les derechazos de la deuxième série. Ce toro subitement "encasté" , tenait sur ses pattes et avançait avec une vigueur insoupçonnée. A gauche, il empêchait de lier les passes, obligeant le torero de “rompre”. De nouveau à droite, les passes se multipliaient marquant plus la volonté du torero que leur qualité,  les charges devenant maintenant descompuestas et assorties de derrotes. Les manoletinas sur la corne droite ne s’imposaient pas sinon qu’elles apportaient l’émotion qui était un peu retombée en cours de faena. A la mise à mort, se répétaient les épées tendidas (coup de corne à la main gauche) et plusieurs descabellos dont un, l’épée échappant de la main du matador, volait dangereusement jusqu’à la première file de spectateurs!!

                          

Diego Urdiales: division d’opinion; silence. Pablo Aguado: un avis et silence; silence. Francisco de Manuel: un avis et vuelta al ruedo; silence. Juan Carlos Rey saluait après deux paires de banderilles au 6ème accompagné de Javier Sánchez Araujo, tous deux de la cuadrilla de Francisco de Manuel. Ce dernier passait à l’infirmerie pour une contusión et hématome au dos de la main gauche avant examen radiologique. Pas de pluie malgré la prévison méteo. 22.273 entrées enregistrées.

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

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