Fallas de Valencia – 15 mars 2019 – Andrés Roca Rey allume le feu: trois oreilles et sortie triomphale.

Les fans de Johnny Halliday s’ils étaient taurins – il doit y en avoir – deviendraient aussi fans d’Andrés Roca Rey car celui.ci, à Valence où le feu sera roi mardi prochain lors de la cremá des fallas, a embrasé de son toreo la plaza de toros de la calle de Xativa. Les trois oreilles coupées furent la démonstration d’un toreo varié, certes, – c’est parfois un reproche qu’on lui fait – mais aujourd’hui profond, puissant, dominateur. Il volait la vedette au torero de Valence, Jesús Chover, qui prenait l’alternative après plusieurs années d’attente et faisait oublier que Julián López « El Juli » était aussi à l’affiche. Les toros annoncés de Victoriano del Río (1er, 2ème, 4ème et 5ème) et ceux de Toros de Cortés (3ème et 6ème) de présentation modeste et de comportement médiocre n’offraient pas de difficultés insurmontables mais leur manque de caste et une certaine faiblesse physique permettaient seulement de discerner les qualités de l’un  – Andrés Roca Rey – et les défauts de l’autre -Jesús Chover. On ne fera pas de comparaisons avec « El Juli » qui tombait sur les deux toros les moins aptes à un quelconque éclat tauromachique.

Andrés Roca Rey coupait une oreille au 3ème  après un début à la cape qui marquait le manque de constance du toro de Cortés, qui se désunissait dans les premières véroniques. La suerte de varas était quasiment inexistante, suivie d’un quite par chicuelinas et tafallera mais intelligemment ARR n’insistait pas.  La faena de muleta débutait par un péndulo doublé avec en alternance la passe de poitrine. Le toro s’arrêtait entre passe et passe avant d’entrer dans une bonne série de la droite. Les naturelles se voulaient allongées au maximum sans trop obliger le toro pour ensuite le reprendre plus par le bas, dominateur. Venaien ensuite un pase circular en deux temps et tout un répertoire avec le remate de la passe de la firma. Un avis sonnait avec les bernadinas…et un molinete primesautier. Un pinchazo – en suerte contraire – et une estocade entière ne décourageaient pas le public pour demander l’oreille. Un autre avis lorsque le puntillero relevait l’animal moribond.

                   

Au 5ème, ARR montrait pourquoi il est le seul torero qui attire les publics et fait l’unanimité. Le toro coureur était retenu par des véroniques en delantales suivies par des chicuelinas serrées qui n’apportaient rien. Il était amené au cheval pour un simulacre de piques ??. La faena spectaculaire n’était pas moins une démonstration de savoir-faire, d’intelligence et de grande technique. La muleta engageait une charge faiblarde, les naturelles une à une, tirant du toro, allaient crescendo. Un farol et une longue passe de poitrine agrémentaient un trasteo dominateur. Venait ensuite la surprise qui soulevait les aficionados de leur siège : deux séries de derechazos en redondo, sans discontinuité, donc liées, qui faisaient soudain découvrir un fond que le toro s’était bien gardé de montrer auparavant! Des manoletinas et une passe de poitrine pieds joints, provocatrice. L’estocade entière (bien ou mal placée, je ne sais) faisait crouler le toro et le public rendu par autant de sincérité, brio et aussi  de grande technique sans quoi le reste ne serait pas possible. Deux oreilles et vuelta aux accents de Valencia, fait rarissime pour célébrer l’adhésion et l’adoption du torero péruvien par les valenciens.

Julián López « El Juli » tombait sur les deux toros les moins propices à une moindre comparaison avec Andrés Roca Rey. Le brindis au public marquait son intention de bien faire au 5ème. Mais dès son contact avec le cheval, ensuite durant le tercio de banderilles et la confirmation lors des passes de tanteo, ce toro se caractérisait par des coups de têtes intempestifs – derrotes – et, de plus, il virait sur ses antérieurs sans prolonger sa charge ce qui obligeait le torero à «rompre». Son premier, faible, ne poussait pas du train arrière ce qui réduisait d’autant les charges, celles-ci rapidement inexistantes. Les mises à mort, rapides, sui generis, (on a compris!) satisfaisaient néanmoins le public pour l’efficacité.

Jesús Chover recevait son toro d’alternative a porta gaïola pour ensuite l’entreprendre par des véroniques qui révélaient une qualité de charge qui se réduisait après les piques prises sans grand enthousiasme. Le toro s’animait de nouveau dès les doblones du début de faena. Ensuite, le toricantano toréait largement décollé du toro, sans raison ou sans confiance, sans rien démontrer si ce n’est un manque total de classe. Au dernier, un toro bien encorné, celui-là, mais sans fixité aux trois tercios, distrait avec une pointe de mansedumbre, réceptionné encore une fois de plus a porta gaïola, Jesús Chover lui donnait des passes dans tous les sens, muleta accrochée. Elève de « El Soro », le valencien banderille, mal, à cornes passées, avec des courses  et la moviola, des quiebros ratés. Il recevait malgré tout des applaudissements…

Julián López « El Juli » : applaudissements aux deux. Andrés Roca Rey : deux avis et une oreille ; deux oreilles ; sortie a hombros. Jesús Chover : saluts et vuelta ; un avis et applaudissements.

Georges Marcillac

Photos: Arjona pour aplausos.es

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