Madrid 12 octobre 2023 – Fête de l’Hispanité – Le réveil d’Alejandro Talavante ne suffit pas pour donner de l’importance à cette dernière corrida de la saison à Las Ventas. Vaillance à toute épreuve d’Isaac Fonseca. Mix de toros.

En ce jour de Fête Nationale espagnole, l’affiche de la traditionelle et dernière corrida de l’année à Las Ventas avait dû être remaniée après la défection de Morante de La Puebla qui était remplacé par Manuel Jesús “El Cid” de retour après sa courte retraite de trois ans… Manquaient aussi les toros de Nuñez del Cuvillo, refusés en totalité au reconocimiento et remplacés par une macédoine de produits des réserves inépuisables de Garcigrande (1er et 2ème) et de Toros de Cortés (3ème) et Victoriano del Río (4, 5 et 6ème). Le cartel était complété par Alejandro Talavante et du Mexicain Isaac Fonseca, seuls restants titulaires de l’affiche initiale. Malgré tous ces changements la plaza de Las Ventas enregistrait un plein de 22.218 spectateurs, ce qui montre combien le renouvellement du public de Madrid est posible car une partie des abonnés avait échangé leur place par suite du changement de cartel ou bien déserté la capitale pour un long week-end de  beau temps constant en Espagne. Dans ces conditions, après l’Hymne National d’Espagne au terme du paseíllo et l’ovation de réception et salut  de “El Cid” pouvait commencer la 60ème et dernière corrida de 2023.

Manuel Jesús “El Cid” recevait en premier un toro de 610 kg, juste cinqueño, cornes large ouvertes qui ne montrait pas trop de force du train arrière et qui sortait facilement des capotes ainsi que des trois rencontres au cheval. CQFD. Le tanteo marché, des doblones, jusqu’au centre du ruedo donnaient quelque espoir jusqu’à une série de la droite mais “El Cid” se faisait déborder et s’en sortait par un molinete salvateur. Les naturelles décollées de la trajectoire décevaient, le toro n’”humiliait” pas, mirón, donc assez gênant pour le torero de Salteras qui prenait l’épée pour une estocade verticale, desprendida. Le 4ème avait des cornes mais était assez laid de hechuras, haut sur pattes. “El Cid” allait le checher au centre de la piste, pour des véroniques, sans entrega du victoriano-del-río. Curieusement le picador de service était applaudi après avoir soutenu la première pique et une ostensible carioca. La deuxième ultra courte, palo levantado. Le début de faena, corps vertical, relâché, avait belle allure par trois derechazos et la passe de poitrine. Deux autres séries, vibrantes sans plus faisaient baisser le niveau et les naturelles suivantes encore plus – le point fort de “El Cid” – le corps penché en avant, toro qui changeait de comportement,  sans “humilier”. Le retour à droite n’apportait rien de mieux, toro expulsé dans la passe de poitrine. Sonnait un avis. Demi-épée delantera, desprendida.

Le capoteo d’Alejandro Talavante faisait découvrir le 2ème, sans codicia et charges courtes avec des signes évidents de mansedumbre.  Deux piques légères et le toro, sans trop avancer, ne facilitait pas un quite par chicuelinas d’Isaac Fonseca. Devant la muleta, sans charge ou bien même arrêté, fusaient des olés railleurs du public déçu. Il fallait prendre l’épée pour finalement porter une estocade habile, basse, d’effet rapide. Heureusement tout changeait au 5ème.  Décidé Alejandro Talavante passait par un farol invertido un toro imposant, cornivuelto, et par des véroniques plus volontaires qu’artistiques. Après des hésitations du toro, AT le “citait” pour des statuaires et le fixait par des passes par le bas à la limite de la querencia face au tendido 1. A l’actif d’AT, le lié des passes des deux mains, s’accommodant d’un calamocheo qui tendait à disparaître en fin de faena… le torero bien au-dessus des conditions d’un toro qui virevoltait en fin de passes et les cornes qu’il exhibait. Des changements de mains marquaient l’assurance de Talavante pour des naturelles et la passe du mépris. Toro aquerenciado, il tardait à se cadrer pour l’estocade qui finalement tombait caídilla. Un avis et la pétition d’oreille n’était pas satisfaite.

                              

Lorsqu’on connaît Isaac Fonseca on sait qu’il fera tout pour triumpher souvent au risque d’un coup de corne, tant sa dynamique le mène à agir plus que nécessaire. Le 3ème, de Toros de Cortés, ancho de sienes et cornes pointées en avant, eut un comportement bien meilleur que les deux mansos de libro du dernier 6 octobre, du même fer,… mais non exempt d’une pointe de mansedumbre en allant recevoir la première pique du picador réserve et tendant à sortir des suertes tout en conservant une course propice au toreo. Isaac l’avait reçu par une larga cambiada de rodillas et quelques véroniques allègres. Après la deuxième pique, le toro sortait entier de l’épreuve et permettait à Isaac de chauffer le public dans un quite par saltilleras en “citant” de loin et changeant le voyage, une gaonera et revolera.  Juan Carlos Rey brillait aux banderilles. La faena de muleta, par un cambio por la espalda doublé, à genoux, faisait monter la pression. Un nouveau cite lointain voyait le toro se diriger vers sa querencia et le jeune Mexicain le toréait dans un autre terrain par derechazos et ensuite naturelles trop décollé de la trajectoire et ainsi recevoir les sifflets du public qui se prononçait plutôt en faveur du toro. Des bernadinas, vibrantes aussi, à la fin, et une estocade un peu tombée quand sonnait un avis. División d’opinions. Se répétaient les largas cambiadas de rodillas suivies de chicuelinas pour recevoir le 6ème qui sortait suelto des deux piques, “humilié” mais fléchissant des pattes avant… Brindis au ciel et au public. La faena débutait par des passages du toro par le haut, parones, passe dans le dos et passe de poitrine, le tout bien dessiné. Après des derechazos  plus serrés, dans la première naturelle, le toro cueillait Isaac et le reprenait au sol, le traînant accroché par la chaquetilla dans le dos. Seulement une frayeur, le visage ensanglanté (sang du toro), Isaac reprenait le combat, rageur, par un nouveau cambio por la espalda et, à genoux, diverses passes, le toro allant vers la querencia des barrières du tendido 1. Des manoletinas et une estocade engagée avec decisión mais tombée, verticale. Un avis avant un descabello.

                

Manuel Jesús “El Cid”: quelques applaudissements; un avis et silence. Alejandro Talavante: silence; un avis et saluts. Isaac Fonseca: un avis et silence; un avis et saluts. Juan Calos Rey saluait après la pose des banderilles au 3ème. Se distingaient aux banderilles Miguelín Murillo et José Luis López “Lipi” de la cuadrilla de “El Cid”, Jesús Diez “Fini” de celle de Talavante et à la brega Raúl Ruiz aux ordres d’Isaac Fonseca. Ce dernier dédiait son premier toro à Elena de Borbón et son brindis au ciel au 6ème était destiné à Jorge García, exmaire de Colménar Viejo, décédé le matin même dans un accident de la route.

Georges Marcillac

Photos Plaza 1

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