Mont de Marsan – 24 juillet 2021 – 18 h – 3ème de feria – Antonio Ferrera fait le spectacle et sort en triomphe.

C’est effectivement au 6ème qu’Antonio Ferrera donnait la mesure de son sens du spectacle et de la connexion avec un public acquis à sa cause. Après une série de véroniques conduisant et calmant la charge violente de « Mulillero » au centre la piste, il créait la surprise en enfourchant le cheval que devait monter Gabin Rehabi pour piquer lui-même ce toro, d’une belle façon, en vérité, selon le même schéma utilisé tout au long de cette séquence : toro près des barrières et traversant tout le diamètre de la piste pour charger le cheval. Après les deux piques, descendu de cheval, un quite brillant par chicuelinas enthousiasmait le public et la musique jouait son pasodoble lorsque, débarrassé de sa jambière, Antonio Ferrera invitait Fernando Sánchez et José Chacón à partager le tercio de banderilles. Lui-même en tête, clouant sa paire aux couleurs tricolores ! Superbe tercio de banderilles. Avec la muleta, la faena prenait la tournure d’une exhibition de toreo accéléré et bouillant, le adolfo-martin avait une charge longue terminée par un petit saut. Ce n’était pas facile, mais qu’importe, le public vibrait. La mise à mort, al encuentro, après cette originalité de « citer » au pas sur une quinzaine de mètres ou plus n’était pas la mieux réussie, l’épée, tombée, était malgré tout décisive. Les deux oreilles étaient accordées dans le délire général. Torero ! Torero ! scandait le public et Antonio Ferrera était emporté a hombros envoyant des baisers à la foule !!

              

Tel était la fin magique de cette corrida, d’un seul protagoniste et héros qui avait dû se contenter d’une oreille coupée aux 2ème et 3ème, «Malagueño» et «Asesor», après la pétition de la seconde par un public festif, justement refusée. Il faut dire que toutes les faenas se déroulaient quasiment selon le même modèle à cause des toros qui avaient tous une charge courte avec un retour sans malice dans la muleta, avec plus de noblesse pour les deux cités plus haut. Antonio Ferrera, connaisseur des caractéristiques, positives et négatives des toros d’Adolfo Martín, se tirait d’affaire en liant les passes avec presque toujours une correction de position pour enchaîner les passes. Il brillait particulièrement avec ces deux toros par des passes courtes, estaquillador oblique pour toréer par le bas avec les pans libres de la muleta aussi bien de la gauche que de la droite sans l’aide de l’épée postiche. Avec la cape on retiendra quelques quites à la sortie des toros du cheval, en delantal et forçant la figure, sans la variété de lances qu’affectionne Antonio Ferrera, parfois avec exagération et affectation. Les mises à mort étaient plus spectaculaires d’orthodoxes, moins heureuses aux 1er bis, 4ème et 5ème.

                            

Il faut dire que la corrida avait mal commencé par le renvoi  aux corrales du 1er , un joli toro, pur Albaserrada d’allure, cornu et musclé, qui malheureusement sortait invalide de la suerte de varas homéopathique qui lui était appliquée. Son remplaçant, donnait de la tête dans la muleta et chargeait court sans vraiment rien à tirer. La mise à mort fut laborieuse. Les toros d’Adolfo Martín étaient tous âgés de plus de cinq ans et possédaient les hechuras typiques de leur encaste bien que les 4ème et 6ème laissaient à désirer du point de vue des armures, en particulier… Donc deux toros, les deux et troisième, pouvaient satisfaire l’éleveur, moins les aficionados toristas qui veulent toujours voir les alimañas d’antan. Evidemment ce n’était pas le jour d’offrir de tels toros, jour réservé au torero extremeño (né à Ibiza) qui, ces derniers temps, se plaçait dans la lignée des matadors d’inspiration artistique, baroque aussi, possible par sa longue expérience de plus de vingt ans d’alternative et connaissance de toute espèce de toros. Sans avoir atteint les sommets, cette encerrona à Mont de Marsan devrait compter dans sa carrière.

Antonio Ferreraúnico espada : silence ; une oreille ; un avis et une oreille; silence; silence; deux oreilles et sortie en triomphe. Il associait toutes ses cuadrillas d’un jour à l’ovation qui lui était réservée à l’issu du paseillo.  

Georges Marcillac

Photos d’après cultoro.com

 

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