Nouvelles de Madrid (I) – mars 2022 – Le monde taurin en ébullition.

En effet, le monde taurin est en ébullition car, en ce début de temporada,  les nouvelles vont bon train. Les unes qui apportent le renouveau de la fiesta et qui réveillent tous les espoirs pour une saison complète après les affres de la Covid 19 de 2020 et une partie de 2021, les autres moins positives plutôt inquiétantes pour la survie de la tauromachie, en un mot des corridas…

Après la première feria de l’année à Valdemorillo (Madrid) qui avait obtenu un franc succès de public et de résultats artistiques, celle de Olivenza (Badajoz) recevait des avis mitigés en ce qui concerne les prestations des toreros et des toros et surtout d’une organisation déficiente compte tenu de l’affluence de public et de l’exiguïté d’accès et de placement des arènes de la jolie localité hispano-lusitane.

Les corridas de la feria des Fallas de Valencia en cours, celles qui suivront de Castellón de la Plana  – la Magdalena – , la feria d’avril de Séville  et le programme de la San Isidro de Madrid qui sera rendu officiel lundi 14 mars, la grande annonce du retour de José Tomás le 12 juin à Jaén, les cent contrats de Morante de la Puebla qui sera présent dans les grandes arènes ainsi que celles de villes ou bourgs de la Piel de Toro(*), sont tous les signes d’un renouveau et de la reprise de l’activité taurine du moins à l’actif des empresas avec, il faut l’espérer l’adhésion du public et aficionados.

Las Ventas 10 avril 2022 – Encerrona de Emilio de Justo.

Revenons à Madrid, où mercredi 9 mars avait lieu au centre Zenit The Studio la présentation de la corrida du 10 avril à Las Ventas où Emilio de Justo est annoncé face à six toros d’élevages différents – une encerrona – dans un défi qui l’honore et qui, à la fois, met en jeu, si ce n’est sa carrière, au moins son avancée au rang de figura pour la décennie taurine actuelle. Le journaliste de Telecinco José Ribagorda animait ce prologue qui réunissait le monde taurin madrilène, journalistique, associatif et politique, ainsi que les ganaderos des six toros de cette corrida : Ricardo del Río (de Victoriano del Río), Victorino Martín, Juan Pedro Domecq Morenés (Parladé), María Benitez Cubero (Pallarés – encaste Santa Coloma), et représentants de Palha et Domingo Hernández. Miguel Abellán, Directeur-Gérant des Affaires Taurines de la Communauté de Madrid et Rafael García Garrido Directeur de Plaza 1 mettaient l’accent sur l’importance de cette corrida du dimanche des Rameaux et des valeurs que réunit Emilio de Justo pour justifier cette encerrona et l’en félicitaient. De même les ganaderos, associés à l’évènement, émettaient le vœu que leurs toros respectifs puissent participer au succès du torero de Torrejoncillo (province de Cáceres). Le public de Las Ventas sera de toute manière là pour le soutenir et célébrer un triomphe – ojalá – que tout bon aficionado souhaite.

Les retransmissions télévisées de Movistar Toros

Malgré ces signes encourageants d’autres assombrissent le panorama à commencer par l’annonce du départ de David Casas journaliste connu du canal Toros de Movistar après 23 ans de carrière dans cette entreprise – autrefois Canal + – prestataire de services de la multinationale de télécommunications espagnole Telefónica. Movistar vient donc de se séparer d’un actif de l’équipe qui commente les corridas retransmises en direct par la chaîne, aussi animateur du programme Kikiriki.  A cela, s’ajoutait le doute dans l’esprit des aficionados quant à la retransmission par Movistar Toros des corridas de la première grande feria, celle des Fallas de Valence, doute qui heureusement a été levé.  Il y aura bien une diffusion des principales corridas des Fallas (les 13-17-18 et 19 mars). De plus, on retiendra l’incorporation du journaliste Alfonso Santiago à l’équipe de Germán Estela accompagné d’Emilio Muñoz, Maxi Pérez et Victoria Collantes pour ces retransmissions télévisées.

L’exemple le plus notable est celui relatif à la Fondation du Toro de Lidia (FTL) qui en un temps semblait fédérer les intérêts de la tauromachie et qui a vu dernièrement le départ de membres importants de son « Patronato » comme Cristina Sánchez, Juan Pedro Domecq, Fermín Bohórquez, César Rincón et autres personnalités. Par contre d’autres entités comme ANOET (Asociación Nacional Organizadores de Espectáculos Taurinos)  et UT (Unión de Toreros) intégraient le Patronato ainsi restructuré, de même,  la commission de juristes était renforcée. Il faut rappeler que la FTL avait organisé l’an dernier la Liga Nacional de Novilladas ainsi que la Copa Chenel pour  « sauver » le secteur des novilladas et une certaine catégorie de matadors et toros d’élevages qui  avaient souffert des effets de la Covid 19 et de ses restrictions. Nombreuses furent les critiques pour censurer le rôle « impropre » de la FTL transformée en empresa… Ces deux initiatives controversées seront néanmoins reconduites cette année.

Gala de présentation de la feria de San Isidro 2022

Lundi 14 mars avait lieu la présentation de l’affiche et des corridas de la San Isidro qui se déroulera du dimanche 8 mai au dimanche 5 juin. Sous une immense voute translucide installée sur la piste des arènes de Las Ventas, Plaza 1 avait convoqué le tout-Madrid taurin, la presse, la politique et les participants à la grande feria « historique » de San Isisdro 2022 de la première plaza de toros du monde. Plus de 1.000 invités se pressaient devant une scène qui accueillait tour à tour les lauréats des prix décernés pas Plaza 1 pour la dernière année taurine : « Figura de la Temporada »  Juan Antonio Morante de la Puebla ; « Mejor ganadería » Garcigrande ; « Mención Especial :  Premio a la solidaridad» Fundación José Tomás, pour son action de biefaisance ; « Mujer y Tauromaquia » Elia Rodríguez á titre posthume journaliste décédée accidentellement ; « Premio Honrífico : Promoción y apoyo a la Tauromaquia » Isabel Díaz Ayuso, Présidente de la CAM. Les discours de Rafael García Gariido et Simón Casas tous deux directeurs de Plaza 1, dressaient respectivement le bilan de la société et soulignaient l’importance de la Tauromachie dans la culture, l’économie et la société en général. A noter que le contrat de Plaza 1 expire à l’issue de la feria  et le verdict pour la désignation du prochain gérant de Las Ventas est sur le point d’être rendu. Les pronostics vont en faveur d’un renouvellement de Plaza 1… L’affiche de la feria de San Isidro est l’œuvre de l’artiste Domingo Zapata, découverte en direct avant que ne soient détaillés les corridas où se produiront 47 matadors, 9 novilleros y 6 rejoneadores qui combattront les produits de 25 élevages.

                                              Miguel Abellán, Rafael García Garrido, José Luis Martínez Almeida,                                          Isabel Díaz Ayuso,  Enrique López, Eugenia Carballedo

                      

Le pliego – cahier des charges – pour la gestion de Las Ventas -2022/2026

Comme chacun le sait, toujours à cause du Covid 19, l’année blanche 2020 ainsi que le nombre réduit de corridas programmées en 2021, la gestion de Plaza 1 – gérant Las Ventas – avait été prolongée alors que son contrat venait à échéance l’an passé. Plaza 1 doit donc organiser une demi-saison jusqu’au 5 juin avec, de surcroît, la Feria de San Isidro. Fin février, la Communauté Autonome de Madrid (CAM), propriétaire des arènes, publiait un nouvel appel d’offre pour les prochaines quatre années. Les  obligations administrative et techniques du pliego rassuraient et à la fois inquiétaient les aficionados. Pour chaque saison, la société élue aura satisfait les conditions d’adjudication et obtenu un maximum de points selon les grandes lignes du contrat qui sont : la redevance à la CAM devra être comprise entre 675.000 et 975.000 Euros (15 pts), le nombre de spectacles – novilladas et corridas de toros – est limité à 60 ( minimum obligatoire de 14 novilladas) pour lesquelles une programmation et stratégie particulières sera appréciée (25 pts) ;  les abonnés bénéficieront d’une ristourne sur les prix au public en général, prix qui seront libres en dehors des ferias de San Isidro et d’Automne et de 5 corridas traditionnelles (10 pts); un minimum de 150.000 € et 75.000 € devront être respectivement consacrés au financement de l’Ecole Taurine « Yiyo » et des autres écoles taurines de la CAM (10 pts) ; une autre ponctuation est affectée aux aménagements et améliorations de l’infirmerie (5 pts), à la promotion de la tauromachie et aide au monde rural, élevages de toros braves (10 pts), aux campagnes de publicité et diffusion (25 pts). Soit un total maximum de 100 points qui permettront de sélectionner le prochain gestionnaire de Las Ventas jusqu’à juin 2026, contrat reconductible un an. Par ailleurs, les sociétés candidates à la gestion de Las Ventas pour les quatre prochaines années devront avoir l’expérience d’organisation de corridas dans des arènes européennes de 1ère et 2ème catégorie durant les trois dernières années 2018, 2019 et 2020 et accréditer, au moins, un volume d’affaires égal ou supérieur à 5.000.000 € en une de ces annuités.

Les principales critiques qui se sont répandues dès la publication du pliegose sont concentrées sur la limitation à 60 corridas par an, mais il y a, et c’est heureux, la garantie de voir maintenues les corridas ou novilladas toutes les semaines de mars à octobre. On sait que l’Ecole Taurine « Yiyo » est maintenant basée à la Venta del Batán, espace taurin de la Casa del Campo de Madrid où autrefois  étaient exposés les toros avant qu’ils soient transférés à Las Ventas pour les corridas de San Isidro et feria d’Automne.           ¿Comment expliquer que la CAM annonce le retour des toros à la Venta del Batán alors que ces emblématiques installations no sont manifestement ni restaurées ni adaptées aux conditions actuelles qu’exigent la salubrité et le minimum confort pour les mayorales ?¿Est-ce que les travaux d’aménagement de la Venta del Batán  ont-ils été budgétés par la mairie de Madrid et la CAM, dans leur protocole d’accord? Cette indéfinition pour les prochains quatre années ressemble beaucoup à jeter de la poudre aux yeux pour répondre aux souhaits d’associations taurines et assurer une animation et promotion de la tauromachie dans le joli cadre de la Venta del Batán abandonnées depuis les épisodes des « vaches folles » et la maladie de la langue bleue. Par ailleurs l’adjucataire serait obligé d’assurer l’exposition d’un minimum de 50% des toros engagés pour les ferias , leur surveillance, leur alimentation, etc.                                                                                               ¿On se demande pourquoi l’infirmerie, soit disant en bon état d’après la CAM, devrait être «aménagée et améliorée» par la société-empresa de Las Ventas ?                                     ¿Dans quelle mesure, entrerait de la compétence de cette dernière pour le soutient du monde rural et des élevages, alors que cela devrait être du ressort de l’administration régionale ou même du Ministère de l’Agriculture ?                                                                    Les conditions de solvabilité et d’expérience de gestion taurine sur les trois dernières années sont draconiennes et ne donnent aucune chance à certaines familles reconnues en tant que empresas taurines ne possédant aucune arène de 1ère catégorie ou bien de n’avoir pu organiser un nombre suffisant de corridas sachant que 2020 fut une année blanche.

Voici bien des sujets de réflexion en ce début de  . Les prochains jours nous permettront peut-être d’y voir plus clair.

(*) On compare souvent la forme de la péninsule ibérique à celle de la peau d’un toro,  métaphore de la plume du géographe grec Estrabon au 1er siècle de notre ère.

Georges Marcillac

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