Fallas de Valencia – 13 mars 2022 – Daniel Luque émerge d’une corrida très moyenne de Victorino Martín.

Ce qui’il ne faut pas enlever à Victorino Martín c’est d’avoir envoyé à Valence une corrida de belle présentation, tous bien faits et bien armés, parfois avec des cornes typiques de l’encaste albaserrada ou saltillo, des cornivueltos les 3ème et 5ème, cornipaso le 6ème. Sortait en deuxième position un sobrero de 615 kg, Tous, il va sans dire, cinqueños. Leur jeu aux piques ne fut pas exemplaire, certains avaient montré quelque faiblesse avant leurs charges au cheval – retour au corral du 2ème – et les picadors  dosaient rapidement leur poussée en accord avec celle des toros. Seul le 5ème secouait la cavalerie, poussant, désordonné et faisant sonner l’étrier. Piques en arrière comme il se doit… Le 1er impossible, sans une passe. Le sobrero, compliqué passait mieux sur la corne gauche. Le 3ème faiblard mais de bonne charge. Le 4ème, de meilleure composition « humiliait » bien à la muleta. Le 5ème devenait compliqué sur la fin. Le 6ème rageur et agressif se compliquait aussi en fin de faena.

Antonio Ferrera semble être en représentation, multipliant les « gestes » comme  aujourd’hui, celui d’arborer un capote d’un bleu électrique, recto verso d’un tissu flasque et soyeux ainsi que les attitudes d’un maître artiste souvent à contre sens de la lidia. Il recevait d’ailleurs son premier par deux largas par le bas qui n’intéressaient pas visiblement le toro. Il le plaçait à distance du cheval qui mettait du temps avant de charger, pour deux piques courtes, le picador visant bien au même endroit pour placer la puya. La charge ultra courte du toro, sans la possibilité de le passer une seule fois, déterminait le maestro à prendre l’épée. Macheteo et plusieurs pinchazos. Au 4ème, reçu par des véroniques gagnant du terrain au-delà des lignes, Ferrera plaçait le victorino à distance pour une pique légère, plus appuyée la seconde, le tout agrémenté d’un quite affecté, dans son style particulier. Au tanteo, un écart imperceptible du toro sur la corne droite conduisait Antonio Ferrera à toréer de la main gauche, forçant la figure en allongeant la passe. Les meilleurs moments furent des naturelles très lentes, dont une série liée « templée », corps vertical. Les tentatives sur la droite, infructueuses,  étaient sifflées. Les égarements à l’épée, avec plusieurs pinchazos, éliminaient un accessit de trophée…

                          

Daniel Luque coupait une oreille à son premier – le sobrero – sûr de lui, volontaire et dominant bien les caractères communs des victorinos. Il faisait l’effort de toréer à la cape des toros qui ne se prêtent habituellement pas à cet exercice. Il retenait dans sa cape le premier par delantales dont la faiblesse était telle qu’il devait être renvoyé aux corrales. Le sobrero, distrait, tardo, mais de charge vive, n’était assujetti à la muleta qu’après un tanteo irrégulier assortis des accrochages de l’étoffe. Muleta baissée, le toro répondait avec relative noblesse avec toutefois l’inconvénient d’un retour rapide en fins de passes. Daniel dominait la situation. Sur la gauche, les naturelles étaient de même teneur mais passées une à une. Le retour sur la droite était bien meilleur et l’estocade jusqu’à la garde impressionnait le public qui réclamait l’oreille. Le 5ème s’avérait compliqué obligeant le torero de Gerena à toréer de près, sûr de lui, se croisant au maximum pour engager la charge d’un toro rétif. Il n’y avait plus rien à faire. Un pinchazo hondo, deux descabellos.

                            

« Román » Collado  sans son mauvais usage de l’épée – c’est un euphémisme – aurait mérité un succès au 3ème, qui manifestait une faiblesse de pattes avant et arrière, c’est selon… pour lui appliquer une faena qui allait a más, sans les scories physiques du début. La patience, l’insistance même, du valencien faisaient que les séries des deux mains prenaient consistance, terminées par de bonnes passes de poitrine. Le temps passait et un avis sonnait avant même d’avoir pris l’épée. Un autre suivait après une succession de pinchazos. Au 6ème, « Román » faisait l’effort de toréer à la véronique mais le toro s’en désintéressait et réduisait sa charge. Ce toro ne se livrait  pas, doutait pour ensuite charger allègrement de telle sorte qu’il créait cette émotion alors absente chez ses congénères précédents. Néanmoins, il coupait sa course et cela ne simplifiait pas la tâche des subalternes au deuxième tiers. La faena débutait par des charges longues que « Román » dirigeait le mieux qu’il pouvait, « perdant des pas » pour se repositionner et lier les passes. Ces charges âpres cachaient en réalité une bravoure inexistante confirmée par l’arrêt du toro qui se rebiffait et rendait difficile la fin de faena terminée, comme la précédente, par une multiplication de pinchazos.

Antonio Ferrera : silence ; un avis et saluts. Daniel Luque : un avis et une oreille ; un avis et saluts. « Román » : deux avis et saluts ; deux avis et silence. La cuadrilla de Ferrera composée de José ChacónJavier Valdeoro et Fernando Sánchez saluaient au terme du tercio de banderilles au 4ème.

 Georges Marcillac

Photos de Alberto de Jesús pour Mundotoro.

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