Almentralejo (Extremadura) – 3 avril 2021 – Triomphe absolu d’Emilio de Justo

A défaut d’assister en direct aux premières corridas de la saison, on doit se contenter, lorsque cela est possible, des retransmissions que propose le canal Toros de Movistar. En ce samedi de Semaine Sainte, c’est la coquette plaza de toros d’Almendralejo qui était le siège d’une corrida avec au cartel des toros de Luis Algarra pour trois matadors de la province d’Extremadura Antonio Ferrera, Miguel Ángel Perera et Emilio de Justo. L’autorisation d’un remplissage à 50% de la capacité de l’arène, avec les mesures de sécurité sanitaire habituelles, a permis une nouvelle fois à l’empresa Tauroemoción de proposer une affiche de choix et enregistrer un étonnant no-hay-billetes (1.900 spectateurs)

Emilio de Justo a ratifié les espoirs que l’on portait en sa personne de matador capable de se mesurer et pourquoi pas dépasser les figuras qu’il devra désormais affronter au cours de cette nouvelle temporada, atypique et incertaine. Simón Casas est son nouvel apoderado avec Alberto García et, tous deux auront tout lieu d’être satisfaits de la prestation de leur «poulain» qui coupait quatre oreilles et une queue aux toros de Luis Algarra, d’un lot plutôt médiocre, exception faite au 6ème primé de la vuelta al ruedo. Les 1er et 4ème ne donnaient aucune chance à Antonio Ferrera de déployer son toreo barroque, ceux de Miguel Ángel Perera étaient sans caste ni transmission mais noblotes et le 3ème – un sobrero du même fer – rechignait à charger mais passait sans problème et terminait arrêté en fin de la faena. La présentation des toros, correcte pour une place de troisième catégorie, deux cinqueños (le 1er et le sobrero), et de leur comportement, on notera que seul le 1er prenait une bonne pique, tête fixe sous le cheval, les autres ne recevaient qu’un picotazo. Il faut aussi souligner la grande actuación des trois banderilleros de la cuadrilla du torero du jour.

                                     

Emilio de Justo confortait son triomphe au 6ème, de nom «Andorrano», né en décembre 2016, de cornes large ouvertes, pointes en avant, qui dès son entrée, recevait une série de bonnes véroniques pour aller ensuite au cheval al relance, la puya en bonne place. Cette longue charge permettait un quite par chicuelinas bien toréées, compas ouvert, et revolera. La faena allait crescendo, le torero prodiguait à ce toro des passes longues, jambe contraire avancée, les séries terminées par de superbes passes de poitrine, complètes, jusqu’à l’épaule contraire. Les derechazos étaient liés et des naturelles, inégales au début, étaient corrigées et améliorées par le bas, détail technique qui confirmait la lucidité du torero et le bon fond du toro. L’estocade entière, entrant droit, roulait le toro et les deux oreilles et la queue récompensaient une faena vibrante au luis-algarra, nº 75 qui recevait le prix de la vuelta al ruedo. Au 3ème, Emilio de Justo montrait sa disposition face au sobrero – le toro titulaire s’étant rompu la corne gauche en choquant contre un burladero – dont la course un peu désordonnée était finalement fixée à la cape et à la muleta. Les séries n’étaient pas liées mais les passes, une à une, de bonne facture donnaient une consistance à la faena sans la collaboration manifeste du toro. Emilio se profilait pour un pinchazo et une estocade, sortant accroché par la corne droite sans dommage heureusement. La dramatique cogida était vécue avec émotion par le public qui demandait avec insistance les oreilles, finalement concédées…

Antonio Ferrera, chef de cartel, n’était pas heureux au sorteo car dès les premiers contacts avec ses deux toros, on devinait des difficultés et carences qui allaient s’accentuer en cours de lidia. Le premier avait une charge courte, violente à la cape, correoso. À la pique, il poussait fort et, à la muleta, il obligeait le maestro à rompre malgré son évidente intention de tempérer le luis-algarra par des passes suaves… sans résultat, car au contraire, celles-ci devenaient plus périlleuses, le toro se «serrant» à chaque passage. Dès sa sortie, le 4ème montrait une certaine déficience de l’arrière-train, confirmée sous la pique et une course sans coordination. Le président décidait de ne pas sortir le mouchoir vert (y-avait-il ou non, un second sobrero dans les chiqueros ??) et Antonio Ferrera ne pouvait que prendre l’épée pour se défaire du toro invalide.

Miguel Ángel Perera, c’est parfois une de ses lacunes, tuait mal ses deux opposants et se privait d’un succès surtout au 5ème qu’il toréait avec assurance et maîtrise sans pour cela atteindre des sommets. Il est vrai le toro ne l’aidait pas, distrait au début, noble mais insipide à la muleta. Il y eut de tout, généralement de bonne conception, un péndulo pour commencer la faena, des passes des deux mains que MAP finissait par lier, des naturelles pieds joints et une passe de poitrine sans bouger d’un pouce, des circulaires à l’envers : un bon trasteo d’ensemble qui aurait mérité un prix sans les deux pinchazos avant l’estocade un peu tombée. Le 2ème, peu piqué et vuelta de campana en sortant du cheval,  s’étalait sur le sable et  réduisait sa charge si toutefois il en avait une… Le tercio de banderilles était écourté et le luis-algarra se déplaçait dans la faena de muleta sans codicia ni force. Néanmoins il passait, suave, sans transmission dans la muleta facile de MAP. Deux pinchazos et une estocade desprendida.

Antonio Ferrera : Silence aux deux. Miguel Ángel Perera : Saluts aux deux. Emilio de Justo : deux oreilles ; deux oreilles et la queue. Vuelta pour «Andorrano» le 6ème. «Morenito de Arles», Ángel Gómez et José Manuel Pérez Valcarce de la cuadrilla d’Emilio de Justo saluaient aux banderilles. Le picador d’Antonio Ferrera, Antonio Prieto était invité à saluer au 1er.

Georges Marcillac

Photos de cultoro.com

 

 

 

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