Bilbao 20 août 2019 – Pauvre corrida de Zalduendo. Diego Urdiales coupe une oreille du 2ème.

La première corrida de figuras de la feria de Semana Grande de Bilbao n’avait même pas attiré une moitié d’arène et c’est inquiétant pour l’avenir. L’affiche annonçait trois matadors dont Enrique Ponce, recordman avec 68 paseos à Vista Alegre jusqu’à ce jour, Diego Urdiales dont le bilan comptable d’oreilles coupées sur le sable de cette plaza de toros approche les 100% et Ginés Marín, la plus jeune promesse de la nouvelle génération des toreros actuels. Les toros de Zalduendo complétaient ce cartel. Le résultat de cette corrida est à mettre au passif de cet élevage célèbre – actuellement propriété du magnat mexicain Alberto Bailleres – qui a envoyé à Bilbao un lot de toros de présentation limite, de forces limites et de comportements variés réduisant ou même éliminant toute option de succès à la terna. Par leurs techniques et patience les trois matadors se montraient bien au-dessus des déficiences de leurs opposants et terminaient par convaincre un public bienveillant. Une fois de plus la suerte de varas – à Bilbao ! – était escamotée et les picadors peu à l’ouvrage par le manque d’agressivité des toros. Ceci, malgré les deux chutes enregistrées en deux rencontres du premier zalduendo avec un cheval plutôt faiblard ou par le manque d’adresse du picador qui ne mettait pas le fer.

 Seul Diego Urdiales se sortait d’affaire avec un toro, le 2ème, qui n’était pas piqué et qui chutait en plusieurs occasions. Le deuxième tiers n’était pas plus brillant, «Pirri» plantait les banderilles n’importe comment au toro qui allait au sol au moment de l’embroque. Avec ce matériel, Diego construisait une faena, tranquillement, dosant les gestes et sa position, pour distiller – c’est le vrai mot – des passes en plusieurs séries des deux mains, pour lier ensuite des derechazos - surprise: toro « humilié – dans un style pur, sans à-coups, fluide et «templé». La fin de la faena en redondos et passes aidées par le bas ravissait les aficionados. En prime, une ultime série de naturelles, pieds joints, avec molinete de remate. L’estocade desprendida roulait le toro et l’oreille était unanimement demandée et accordée. Le 5ème, de meilleures hechuras, 553 kg, le plus lourd du lot, montrait des signes de faiblesse littéralement sous le cheval, chutant sous le peto. Par la suite il se traînait derrière la muleta de Diego Urdiales qui lui tirait des passes avant de ne plus avancer… Plusieurs pinchazos, une estocade entière, un peu tombée et deux descabellos mettaient fin à la prestation du torero d’Arnedo que l’on verra pour son deuxième contrat vendredi prochain.

Enrique Ponce aurait pu couper une oreille si le président Matías González avait fléchi sous l’insistance et la demande bruyante des spectateurs. Au cours de sa faena, le maestro  avait usé de toute sa science pour corriger la tête relevée du toro en fins de passes. Il fallait aussi lui donner  des temps de répit pour entreprendre la série suivante. Les molinetes de départ animaient le toro à charger avant de lier les passes suivantes. Un molinete invertido, lié à la passe de poitrine, était le sommet d’une dernière série de naturelles, tracées une à une. L’estocade desprendida, un peu en arrière roulait le toro. La faena soignée et élégante dans le plus pur style « poncien » valait une belle ovation à Enrique Ponce. Lequel aurait bien voulu parfaire sa prestation avec le 4ème, le brindis au public en était la preuve. Ce ne fut pas possible. Le toro distrait, sans fixité donc, sans se livrer non plus, caractéristiques détectées dès les premiers capotazos, recevait des muletazos à bout de bras pour l’aider à entrer dans la muleta, un changement de terrain, tous ces efforts étaient vains. Ce toro sortait des passes, sans aucune intention de répéter sa charge, désintéressé. Un avis sonnait après un pinchazo profond. Deux descabellos.

Ginés Marín touchait les deux toros les mieux armés de la corrida. Son premier, tardo, «protestait» dans la muleta pour terminer quasiment arrêté et il valait mieux prendre l’épée pour une bonne estocade un peu trasera et tendida. Le 6ème, astifino, cornivuelto, possédait un bon tranco et favorisait le dessin de belles véroniques et de la demi-véronique au centre du ruedo. Au deuxième tiers, il se déplaçait à loisir et permettait aux banderilleros de se distinguer. La course du toro était mise à profit par le jeune torero qui le « citait » de loin pour lier une première série de la droite, vive la charge. Malgré un fléchissement des antérieurs, il était entrepris sur la gauche pour une série de bonnes naturelles, allongeant le tracé et terminant par des adornos gracieux. Cela ne durait pas et le toro refusait de charger. Néanmoins Ginés Marín prenait le dessus de la résistance du toro pour lui prodiguer une série de naturelles par le bas avec farol lié à la passe de poitrine en conclusion. De la belle ouvrage ! Les bernadinas finales apportaient l’émotion de l’après-midi avec l’enchaînement d’une capeína et passe de poitrine. Malheureusement, à l’épée les pinchazos se succédaient et la possibilité d’obtenir une oreille disparaissait.

Enrique Ponce : saluts (division d’opinion à l’encontre du président) ; un avis et silence. Diego Urdiales : une oreille ; silence. Ginés Marín : silence ; un avis et saluts au tercio. Victor García « El Victor » de la cuadrilla de diego Urdiales saluait après la pose des banderilles au 4ème. Antonio Manuel Punta et Manuel Izqierdo de la cuadrilla de Ginés Marín en faisaient de même au  6ème.

Georges Marcillac

Photos: Arjona pour aplausos.es

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2 réponses à Bilbao 20 août 2019 – Pauvre corrida de Zalduendo. Diego Urdiales coupe une oreille du 2ème.

  1. christian dit :

    bonjour;

    je suis vraiment très inquiet des taux de fréquentations de bilbao .
    l'an dernier n'était déjà pas génial mais là ca devient catastrophique.
    à suivre

  2. Christian dit :

    Bonjour.

    Stupéfaction et inquiétude.
    Une moitié d'arene ???? à bilbao???
    Ou allons nous.je suis comme interdit et démuni devant cet état de fait.

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